Sous la direction de Joël Suhubiette à Blagnac, le chœur de chambre Les Éléments interprète à Odyssud un programme dédié à Nadia Boulanger et intitulé « Des américains à Paris ».
Créé par le chœur de chambre Les Éléments lors de la dernière Folle Journée à Nantes, leprogramme de concert « Des américains à Paris » est repris à Blagnac, à Odyssud. Constitué de musiques d’esthétiques différentes (Copland, Reich, Glass, Rorem, etc.), cette soirée se présente comme un hommage à Nadia Boulanger. Fondateur et directeur musical des Éléments, Joël Suhubiette explique: «À part Charles Ives qui introduit le programme, en « père fondateur » de la musique moderne américaine, tous les compositeurs que j’ai choisis ont été des élèves ou des amis très proches de Nadia Boulanger. Beaucoup de compositeurs américains doivent une relation profonde avec la France à sa forte personnalité. Elle-même entretenait un contact fréquent avec les États-Unis où elle a été la première femme à diriger les orchestres de New York, Boston et Philadelphie et où elle a créé une fondation en hommage à sa sœur Lili Boulanger».
«Compositrice, organiste, chef d’orchestre, Nadia Boulanger était avant tout connue dans le monde entier comme un des plus grands professeurs du XXe siècle au Conservatoire américain de Fontainebleau de 1921 à 1979. Elle y a formé plus de 1 200 élèves, on compte parmi eux beaucoup d’Américains : Aaron Copland, Eliott Carter, George Gershwin, Quincy Jones, Steve Reich, Philip Glass et bien d’autres. Elle était une amie proche d’Igor Stravinsky et de Leonard Bernstein, présents tous deux dans ce programme. À Paris et New York, elle a également fréquenté Ned Rorem, lauréat du prix de composition qu’elle a fondé à Boston, qui la décrivait comme « the most influential teacher since Socrate »», raconte Joël Suhubiette.
Le directeur musical des Éléments détaille ainsi ses choix pour ce programme américain: «Ives était incontournable, avec ses psaumes en polytonalité. J’avais très envie par exemple d’interpréter Ned Rorem dont la production importante de musique chorale est tout à fait inconnue en France. Également bien sûr, les « Quatre Motets » de Copland, d’une grande expressivité, composés à Paris en 1925 et dédiés à Nadia Boulanger. J’ai cherché parmi les œuvres de Bernstein et choisi les « Choruses from the lark », qu’il a composés en 1955 comme musique de scène de la pièce de théâtre « l’Alouette » de Jean Anouilh. Pour Ned Rorem mon choix s’est porté sur le cycle « In time of Pestilence » sur des textes anciens du poète élisabéthain Thomas Nashe et sur les « Madrigals » écrits sur des poèmes de Sapho. Pour aborder d’autres esthétiques, il me paraissait intéressant également de faire figurer une pièce du Stravinsky «américain» avec son « Anthem » représentatif de sa période sérielle. Et bien sûr, d’inclure les «minimalistes» que sont Reich et Glass. « Know What Is Above You » de Steve Reich écrit en 1999 pour l’ensemble de musique ancienne américain Anonymous 4 sur un texte de la Torah est une pièce intéressante, surprenante, hommage à la polyphonie médiévale, et difficile à classer dans ce programme. Nous terminons sur un des “Knee play” d’ »Einstein on the beach » de Philip Glass.»
Pour Joël Suhubiette, «nous ne sommes pas en terrain inconnu. Ces musiques sont très influencées par les écoles européennes tout en restant fondamentalement différentes de notre répertoire. Il y a les influences de la tradition des églises protestantes américaines pour la musique sacrée, celles de la comédie musicale, et cette spécificité des minimalistes que nous n’avons pas en Europe».
Jérôme Gac
« Des américains à Paris »,
lundi 8 décembre, 20h30,
à Odyssud, 4, avenue du Parc, Blagnac.
Tél. 05 61 71 75 10
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