Au-delà du registre métaphorique du fruit défendu, des formes féminines à croquer, les sculptures de Dominique RAYOU nous parlent de maturation, de transformation.
Partant de l’analogie entre les contours d’un fruit et la silhouette d’un corps, Dominique Rayou se concentre sur l’émergence de la forme humaine sous une surface donnée. Dans des œuvres antérieures, le corps rencontrait une surface élastique, ici, la rencontre a lieu sous la peau du fruit ou dans la morsure de sa chair. L’artiste veut saisir cet instant où un corps semble jaillir de la matière dans un double travail formel.
Under The Skin |
Dans cet entre-deux mi-corps, mi-fruit, l’artiste instaure un dialogue entre les formes, les surfaces, les textures. C’est le jeu entre le fini réaliste, le lisse sensuel de la sculpture peaufinée, et l’ébauche, l’aspect brut de l’œuvre en devenir, qu’évoquent les coups de dents donnés dans le fruit que l’on croque.
De ces deux matières du vivant, Dominique Rayou écrit des histoires entre inanimé et animé, entre unicité d’un côté et « part pour le tout » de l’autre. Dans PEAU de CHAGRIN, tandis que la forme du corps prend vie sous nos yeux, celle de la poire est en train de disparaître. L’artiste travaille deux sortes de vides : le vide réaliste laissé par la poire entière devenue trognon et le vide imaginaire de ce morceau de corps qui ne peut pas être là.
Synergie |
C’est dans cette oscillation entre réalisme de la nature morte et part d’imaginaire des corps évanescents que réside la poésie des œuvres de Dominique Rayou.
SAKAH GALERIE, du 11 octobre au 22 novembre 2014.
Anne Dargenton
Un article à retrouver sur JARDINS MENTAUX.