Créé en 1996 sous sa forme actuelle par Michel Bouvard et Jan Willem, le Festival Toulouse les Orgues se déroulera du 2 octobre au 12. C’est essentiellement dans Toulouse avec une extension jusqu’à Albi. La 19è édition a été confiée à Yves Rechsteiner, son nouveau directeur qui a assuré toute la programmation, riche et diversifiée. Organiste reconnu, il est toulousain depuis sept ans. Avec un tel patrimoine instrumental, Toulouse, déclarée capitale européenne de l’orgue, rien, semble-t-il, de plus simple que de monter un festival ayant pour thème, l’histoire de l’orgue dans la cité. Une trentaine d’instruments à disposition dans la cité dont neuf classés monuments historiques, et près de quatre cents dans toute la région Midi-Pyrénées !!
Impossible d’égrener ici les plus de quarante manifestations du calendrier. Dans un précédent article du 3 septembre, Serge Chauzy vous a un peu détaillé le tout et vous en suggère la lecture. Sachez alors que vous aurez forte envie de vous procurer la brochure, indispensable, qui vous en dira plus sur chaque événement.
L’orgue, ce n’est pas, bien sûr, qu’un certain Jean-Sébastien Bach et ses œuvres. Avec cet extraordinaire instrument qui mériterait, pour certains d’entre eux, une visite guidée de leurs entrailles, car on est très loin de la flûte à bec du collège, les musiques vont de celles classées anciennes et plus tard baroques, aux symphoniques et romantiques jusqu’aux musiques d’aujourd’hui.
Sans parler des traditionnelles, des improvisations, de l’orgue au cinéma, au cirque, au théâtre.
Le concert d’ouverture du 2 octobre a lieu à l’Eglise Notre-Dame de la Dalbade. Il ne pourra que vous surprendre. Retransmis sur grand écran, il est interprété par le percussionniste Henri-Charles Caget et Yves Rechsteiner. Ils osent Frank Zappa à l’église : c’est « The FZ project ». Une palette sonore inédite pour faire « sonner »la musique du guitariste américain au renom planétaire. L’orgue, c’est la guitare, les “percu“, l’orchestre.
On saute tout de suite au samedi 11 avec le grand orgue de la Cathédrale Saint-Etienne qui fait son come-back à la Halle, à quelques encablures à vol d’oiseau. Aux commandes, devant ses multiples pédaliers et claviers et accouplements et tirasses, Yves Rechsteiner joue la partie d’orgue de la Symphonie Concertante pour grand orgue et orchestre du compositeur belge Joseph Jongen, organiste de la fin du XIXè que l’on rapproche d’un César Frank. Pendant ce temps, à la Halle, Tugan Sokhiev dirige son orchestre. Encore un challenge qui, n’en doutons pas, sera gagné. Le reste du programme est aussi excitant avec la Simple Symphony de Benjamin Britten puis, de Franz Schubert, la Symphonie n°9, « la Grande ».
Samedi 4 : journée Toulouse les Orgues. Petit déjeuner vite avalé, et direction l’Eglise du Gesu pour 11h, et son orgue Cavaillé-Coll, vieille de 150 ans, déjà. L’accordéoniste Marc Perrone et l’organiste Roberto Antonello vous attendent pour des mélodies italiennes, sans paroles. Les instruments chantent à leur place et font revivre la mémoire musicale, populaire et savante, de l’Italie.
Un déjeuner pas loin, puisque retour à 15h, à l’Eglise du Gesu pour du cinéma burlesque et orgue pour rire. Charlie Chaplin et Buster Keaton sont présents sur l’écran et s’agitent, toujours muets mais follement animés par l’organiste Marc Chiron qui s’en donne à cœur joie.
Les esprits pensants pourront se distraire avec une Table Ronde à 16h qui aura lieu à la Salle Varèse du Conservatoire à rayonnement musical. Le thème : « Organiste : quels métiers ? Quel futur ? ». Comme animateurs de ce forum, on note, entre autres, la présence des deux fondateurs du Festival.
20h30, tous à la Basilique Saint-Sernin. On y donne le Requiem de Gabriel Fauré dans une version pour 2 orgues – transcription, Yves Rechsteiner – puis d’autres œuvres de Louis Vierne et Maurice Ravel. Il y a du beau monde, côté formations choristes, au total plus de cent chanteurs. On y retrouve : Archipels, l’atelier vocal des éléments, Ensemble vocal A Contretemps, Ensemble vocal Unité, les solistes de la Maîtrise du Conservatoire de Toulouse, et le baryton Julien Véronèse. Jean-Marc Andrieu dirige l’ensemble pendant que Gabriel et Louis Bestion de Camboulas seront aux manettes. Un concert sûrement très impressionnant.
Basilique Saint-Sernin toujours, les cinéphiles iront suivre sur grand écran le film fantastique muet Le Cabinet du Docteur Caligari de 1919 de Robert Wiene tout en écoutant les improvisations à l’orgue de Wolfgang Siefe. Grâce aux ressources sonores de ce Cavaillé-Coll, elles devraient faire leur petit effet !
Chapelle Saint-Anne à 12h30, vendredi 10, histoire de stimuler vos papilles pour un déjeuner Place Saint-Etienne, rien de mieux que près d’une heure avec l’Ensemble Il Delirio Fantastico et Vincent Bernhardt. Ils vous interprètent des concertos d’Antonio Vivaldi pour orgue, violon et ensemble. Vous serez alors plus impatients de retrouver Vivaldi et ses concertos pour mandoline par notre mandoliniste préféré, Julien Martineau, courant novembre.
Mercredi 8 à 20h30, à Saint-Sernin, faut-il présenter le grand organiste qui va prendre possession des lieux, j’ai nommé Jean Guillou ? Ce sera Carte Blanche à cet organiste d’exception qui jouera Bach, Liszt et Frank, plus quelques improvisations, et toujours le concert retransmis sur grand écran.
Il faut arrêter de picorer à votre place dans cette brochure et vous laisser découvrir les autres rencontres, mais signaler justement, pour finir ces quelques lignes, et ce, à Saint-Sernin, la basilique se révèle ainsi incontournable, un de nos plus purs joyaux n’est-ce pas, donc, l’événement de clôture du Festival : La Nuit de l’Orgue Ô Toulouse, de 21h à minuit le dimanche 12 : De Darasse à Nougaro, la Ville rose fête l’orgue, quatrième édition. Il y aura des pièces du siècle passé interprétées par quelques organistes d’ici et d’ailleurs, mais encore des improvisations, et des dialogues musicaux avec des invités surprises qui pourront rejoindre la tribune avec leurs instruments.
Ce ne sera plus « l’orgue dans la cité » mais « la cité à l’orgue ».
Michel Grialou
19ème festival international Toulouse les Orgues
du 02 au 12 octobre 2014