Comédienne et chanteuse de La Reine des Aveugles, Emilie Perrin monte ces jours-ci sur la scène du Bijou pour un tour de chant en compagnie du guitariste Jean Mendez et du percutionniste Pascal Portejoie.
Elle a été baignée par la littérature, Émilie Perrin. Sa mère, professeur de lettres, lui racontait des récits de mythes anciens pour l’endormir, et la bibliothèque de la maison familiale, en Aveyron, réveille encore son imaginaire. C’est là, lors de ces séjours à Millau, qu’elle puise l’inspiration pour écrire les chansons de La Reine des Aveugles, formation musicale d’abord constituée avec Claude Delrieu, multi-instrumentiste et improvisateur génial. «C’est ma rencontre avec Claude qui a déclenché l’envie de chanter en solo», affirme-t-elle. Elle n’en n’est pas à son coup d’essai. En 2002, elle avait déjà créé avec Nicolas Dimier, son compagnon d’alors, Duo Parleur, devenu ensuite trio et dont l’écriture à deux voix puise du côté de chez Patrick Font, Henri Tachan, Allain Leprest…
Avec La Reine des Aveugles, l’univers est résolument féminin et titille la question du désir sous toutes ses formes, celui qui nous pousse à nous lever chaque matin. La Reine des Aveugles est celle qui voit ce que les autres ne voient pas, elle met le doigt là où ça fait mal.» La Reine des Aveugles a débuté aux apéros du Théâtre du Grand-Rond. Depuis, la chanteuse fait évoluer son personnage scénique de gouailleuse: sous le regard artistique de Pascal Papini, elle a troqué son jean contre le corset gothique, et affublé son visage canaille d’un bandeau sur l’œil. «On ne répète presque pas, pour rester dans l’instant, même si ça me met parfois en danger.»
À ses débuts «La Perrin», comme elle se surnomme, chantait avant d’avoir appris. La rencontre avec la chanteuse engagée, Francesca Solleville, aux Ateliers de formation et de recherche de Jacques Rosner du Théâtre Sorano fut un révélateur. Sous la direction de René Gouzenne ou de Claude Bardouil, Émilie Perrin fait ses premières armes, étiquetée «chanteuse réaliste». Mais Bardouil la pousse à écrire ses propres textes. «Il se moquait de moi parce que je ne chantais que des reprises de Piaf, il pensait que j’avais des choses à dire, plus personnelles». C’est aussi cet acteur et metteur en scène qui l’a formée au théâtre. «J’aime le théâtre « artisan », collectif, joyeux, rassembleur, comme celui de Jean-Jacques Mateu ou de Didier Carette. Je suis une grande admiratrice de son « Maître et Marguerite » de Boulgakov», se souvient-elle.
Ceux qui sont devenus ses auteurs de chevet, elle les a rencontrés à travers la scène, comme comédienne ou comme spectatrice : Hanokh Levin, Koltès, Tchekhov, et… Sophocle, «un auteur moderne, très agréable à jouer.» Pour l’heure, entourée du guitariste Jean Mendez et du percutionniste Pascal Portejoie, on pourra apprécier la chanteuse sur la scène toulousaine du Bijou avec La Reine des Aveugles. Vous ne la connaissez pas encore, «La Perrin»?
Sarah Authesserre
Jeudi 2 et vendredi 3 octobre, 21h30, au Bijou, 123, avenue de Muret, Toulouse.
Tél. 05 61 42 95 07.