La rentrée du Théâtre du Capitole affiche une nouvelle production d’ »Un bal masqué » de Giuseppe Verdi signée Vincent Boussard, dans des costumes de Christian Lacroix.
Aucune maison d’opéra ne peut se passer de Verdi : l’Opéra de Paris ouvre sa saison avec la reprise de « la Traviata » dans la mise en scène créée au printemps dernier par Benoît Jacquot, le Royal opera House de Londres lance la sienne avec la reprise du « Rigoletto » de David McVicar – l’une des cinq productions d’œuvres du compositeur italien au programme de Covent Garden cette année, contre six au Metropolitan opera de New York. Le Théâtre du Capitole a choisi « Un bal masqué » en ouverture de sa saison lyrique.
Créé en 1859, le 23e des 28 opéras de Giuseppe Verdi est l’adaptation du livret de l’opéra « Gustave III », de Daniel Auber. Le librettiste Eugène Scribe s’inspirait des événements au cours desquels survint l’assassinat du roi de Suède lors d’un bal masqué, en 1792. Verdi déplaça l’action outre-Atlantique pour échapper à la censure des monarchies européennes : le roi de Suède devenant gouverneur de la ville de Boston… Directeur musical de l’Opéra de Tel Aviv et chef très demandé sur les grandes scènes internationales, Daniel Oren dirigera de nouveau l’Orchestre du Capitole deux ans après son passage dans la fosse toulousaine pour un mémorable « Trouvère ».
Daniel Oren l’assure, «…il y a chez Verdi trois “manières” dans sa production, bien différentes les unes des autres. Dans la première, on trouve le Verdi innovant et explosif, celui de « Nabucco », « Ernani », Attila », « la Bataille de Legnano », où le pathos le plus évident est la passion patriotique. Lui-même nomma ces années-là “années de galère” au long desquelles il n’arrivait pas à sortir des formules qui faisaient son succès. Ensuite il y a la manière centrale, c’est celle de la trilogie « Rigoletto », « la Traviata », « le Trouvère ». Dans ces trois œuvres, les sentiments sont plus portés par les personnages que par les peuples. Pour Verdi, c’est un pas important dans sa création, une conquête dans sa veine créatrice qu’il voudra absolument continuer dans le prochain opéra que sera « Un bal masqué ». La troisième et ultime manière est celle de la complète maturité que l’on fait généralement commencer plus tardivement, avec « Aïda » et « Don Carlos ». Mais je pense qu’il convient de parler dans cette troisième manière de ce « Bal masqué », car il contient tous les éléments propres aux véritables chefs-d’oeuvre, tant d’un point de vue dramaturgique que musical. Tous ces éléments lui sont propres et tournent le dos au passé», termine le chef.
La mise en scène de cette nouvelle production – en coproduction avec le Théâtre du Nuremberg – a été confiée à Vincent Boussard, et les costumes à Christian Lacroix. En février dernier, le duo était déjà à l’œuvre au Capitole pour une bien fade mise en scène de « la Favorite » de Donizetti. Pour leurs débuts à Toulouse, le jeune ténor ukrainien Dmytro Popov incarnera Riccardo et la soprano américaine Keri Alkema (photo) tiendra le rôle d’Amelia. Interprète du Comte di Luna dans « le Trouvère », le baryton ukrainien Vitaliy Bilyy revient au Capitole pour ses débuts dans le rôle de Renato. Familier de la scène toulousaine (« Les Indes galantes », « La Belle Hélène », « Les Pigeons d’argile » de Philippe Hurel), le baryton français Aimery Lefèvre sera Silvano – avant de chanter Pollux dans « Castor et Pollux » de Rameau en mars prochain. Basses brésilienne et russe, Leonardo Neiva et Oleg Budaratskiy interpréteront Samuel et Tom, les deux ennemis du gouverneur.
Jérôme Gac
Du 30 septembre au 12 octobre, au Théâtre du Capitole, place du Capitole, Toulouse.
Tél. 05 61 63 13 13.
Diffusion sur France Musique, samedi 18 octobre, 19h30.
Introduction au spectacle, avant la représentation, 19h00.
Conférence par Michel Lehmann (musicologue), lundi 29 septembre, 18h00, au Théâtre du Capitole (entrée libre)
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