En roue libre…
J’avoue de suite ma déception face à ce produit dont j’imaginais que PIXAR ne me livrerait jamais un exemplaire. Et ma déception est d’autant plus grande que le souvenir de Cars, le premier en 2006, signé déjà John Lasseter, est encore particulièrement flamboyant dans mon esprit. D’accord, l’animation est parfaite et la « voiturisation » de l’environnement est assez étonnant d’imagination. Là n’est pas le problème. Le hic est dans le scénario. Voici Flash McQueen toujours en quête de prouesse sur les circuits mondiaux, aidé par son inséparable ami, la dépanneuse Martin, le roi de la gaffe. Hors, ce dernier se trouve, alors qu’il accompagne Flash pour une compétition, embringué dans une aventure « jamesbondesque ». Et c’est là que ça se complique car, derrière cette histoire d’espion se cache de gros enjeux de stratégie énergétique. En effet, il s’agit de faire valoir un carburant bio à la place de l’essence ordinaire. Le gros méchant de l’histoire, une voiture au fort accent allemand, parti pris aujourd’hui particulièrement discutable auprès de nos têtes blondes, se double d’un machiavélique manipulateur au profit finalement de l’industrie…pétrolière. Autant dire qu’au bout d’un moment, non seulement la différenciation physique des voitures ne permet plus de savoir dans quel camp elles sont, mais en plus on ne comprend plus rien à l’histoire. J’imagine alors les gamins de 5 ans ! Il n’est pas question ici de revenir sur les atouts esthétiques de ce film et d’ignorer la splendeur des villes « revisitées », Paris, Tokyo, Londres et cette ville imaginaire italienne totalement bluffante, non, mais simplement dire qu’un produit doit être adapté à sa cible, ici les jeunes enfants, c’est le b-a ba du marketing. Présentement, petit ou grand, tout le monde reste au garage. Quant à la 3D, il faut dire et redire combien elle n’apporte, en l’état, rien du tout à ce genre de film. En la matière, les gamins s’explosent davantage avec la pub Haribo, il est vrai particulièrement réussie. Un dernier mot pour souligner qu’en préambule à ce film, il est projeté un court métrage PIXAR intitulé « Toy Story, vacances hawaïennes » d’une niaiserie consternante, à des années-lumière de Toy Story 3 (un chef d’œuvre). Mauvais présage…
Robert Pénavayre