Souhaitons nous une cuvée nouvelle de même qualité que celle “bue“ et qui a globalement donné satisfaction à une grande majorité de spectateurs. Dans le premier article concernant sa présentation, j’écrivais au sujet de la production de l’opéra I Due Foscari : Il y a des prises de risques qui se révèlent de belles récompenses et même très belles récompenses, à rendre jalouses d’autres maisons d’opéras. Il n’était pas prévu, au départ, que le clou de la saison soit cette nouvelle production d’un opéra jamais donné encore sur la scène “capitoline“. Et pourtant, elle l’est! Mais quand tous les ingrédients sont là, c’est bien la magie du spectacle vivant qui opère, et je dis bien, du spectacle vivant. Musique, chant et théâtre, voilà les trois clés de la réussite. Les trois sont bien au rendez-vous. C’était sans compter sur la toute dernière production de Daphné, qui mérite finalement les mêmes commentaires, et fait que cette saison 2013 – 14 s’est fort bien terminée. Alors, un clou ? Deux clous ?
Le public ne s’y est pas trompé. Tant pis pour ceux qui n’ont pas voulu aller à la découverte, de l’un comme de l’autre de ces deux opéras achevant la saison. Ils pourront se venger sur les “flacons“ nouveaux.
« La saison 2014 /2015 du Théâtre est animée par la conviction que l’avenir de l’opéra et de la danse est largement déterminé par notre capacité à favoriser la diversité des propositions artistiques, à relire les œuvres du répertoire avec la fraîcheur que l’on réserve aux découvertes et à explorer toutes les voies de la création. » Frédéric Chambert.
2014 /2015, les brochures sont sorties depuis plusieurs semaines et vous avez “bûché“ page après page. Parmi toutes les formules d’abonnements, vous trouverez bien celle qui va vous convenir au mieux, et vous faciliter l’agenda pour les mois à venir. Mais, et l’administration y tient, on peut aussi trouver des places à l’unité, pour tous les spectacles, sans la contrainte d’un abonnement. Ce dernier vous facilite tout de même bien la vie.
Opéras, mais aussi ballets, les Ballets du Capitole ayant pris un nouvel essor, digne d’intérêt, fort bénéfique pour la Maison, sous la coupe de Kader Belarbi. Sur les cinq de la saison, la première série nous interpelle, consacrée à deux chorégraphies, l’une de Serge Lifar, l’autre de Roland Petit, les deux sur des musiques d’Henri Sauguet, une série couplée avec une exposition de plusieurs mois, consacrée à ces deux immenses danseurs et chorégraphes. Il y aura aussi une reprise de La Reine Morte, création de son Directeur. Sachez que le corps de ballet ne se produit pas qu’à Toulouse, bien sûr, et qu’il a dû attendre 1949 avant de pouvoir consacrer ses premières soirées uniquement à la création chorégraphique, quittant alors son rôle de ballet-divertissement des opéras.
Un autre pilier de la maison : le Chœur du Capitole. Placé sous la direction d’Alfonso Caiani depuis 2009, il fait partie des fondations depuis la création d’un Conservatoire en 1820. L’existence d’une troupe à demeure complétait ce vivier permanent et participait de la réputation de la Ville du Bel Canto. A ce sujet, on peut se distraire avec la lecture de l’ouvrage Le Guide pittoresque du Voyageur de France (Didot, 1842). Avec un effectif actuel de 45 permanents, les masses chorales sont systématiquement applaudies chaleureusement. Le Chœur se complète depuis peu d’une Maîtrise très recherchée.
Encore un autre pilier avec l’Orchestre National du Capitole de Toulouse. J’ai déjà donné mon sentiment à son sujet en estimant que nous avions à Toulouse sûrement le meilleur orchestre de fosse en région, hors orchestre parisien. Son directeur musical est toujours Tugan Sokhiev qui a su le maintenir et le conforter à son niveau d’excellence actuel. Les aficionados des représentations lyriques, aux tempes grisonnantes, ou carrément blanches, ont encore dans les oreilles les quelques souvenirs de désastres passés dans la fosse. Le nombre total actuel de musiciens n’est pas pour rien dans cette réussite, et on peut donc remercier ceux qui tiennent les cordons de la bourse musicale.
Inutile de rappeler encore qu’autour de chaque production, le Théâtre met en place une série de manifestations, conférences, forums, etc… qui habillent fort opportunément chaque grand rendez-vous. Un véritable foisonnement. Pour mieux l’apprécier, il suffit de comparer la brochure actuelle à cette même brochure présentant la saison il y a une quinzaine d’années, et pour se rendre compte aussi de tout ce qui vous attend, petits et grands. La série des Midis du Capitole connaît un franc succès. Les portes imposantes du théâtre sont ainsi bien plus accueillantes montrant que la salle n’est pas un sanctuaire et encore moins une nécropole. Mais puisque le mot “accueillant“ est prononcé, profitons-en pour glisser un mot sur, justement, l’accueil au niveau de notre institution. Pour ceux qui fréquentent d’autres lieux, la comparaison est vite faite. La page “réclamations“ est vierge, ou presque ! Il faut bien deux ou trois grincheux…Aux guichets comme en salle, les marques de sympathie, d’affabilité, de patience ! sont multiples. L’accueil participe aussi de la réussite d’un spectacle, n’est-ce pas ?
Pré-ouverture de saison avec le 50è Concours international de chant de la ville de Toulouse. On peut se plonger à nouveau dans mes quelques lignes écrites pour le 49è il y a deux ans donc, septembre 2012, relatant un peu de son histoire. Le Cinquantième aura donc un jury prestigieux, et les candidats auront l’immense avantage de tenter leur chance devant un panel de directeurs de salle et de casting, ce qui peut constituer un formidable tremplin.
Ouverture de saison avec Le Bal masqué de Verdi et fermeture avec Turandot de Puccini. Deux nouvelles productions pour deux piliers du répertoire très attendus, surtout le second qui n’a eu les honneurs de la scène du Capitole qu’une fois depuis sa création en 1926. C’était en 1965 !! C’est vrai qu’il faut trouver en premier les deux “gosiers“ pour La Principessa et pour Calaf. La mise en scène est confiée à Calixto Bieito, provocateur né, capable des pires audaces, des relectures les plus audacieuses ou dérangeantes ou ineptes ou géniales. Qui ne tente rien, ……En tous les cas, le bonhomme ne laisse pas indifférent. Ce sera la surprise.
Une petite pause financière avec le retour de trois productions déjà accueillies, la plus récente Les Fiançailles au couvent dirigée à nouveau par Tugan Sokhiev, Tristan et Isolde dans la reprise de la production très réussie de Nicolas Joël, dirigée par, une surprise, Claus Peter Flor, qui nous avez très agréablement surpris dans Madame Butterfly. Enfin, une zarzuela, Doña Francisquita, donnée en 2007, dans une très belle mise en scène, décors et costumes et lumières. Un spectacle vraiment plein d’entrain.
Benjamin Britten sera au rendez-vous avec deux opéras dans la même soirée, le plus connu étant Le Tour d’écrou (1954), le deuxième, Owen Wingrave (1971). N’essayez pas de vous souvenir, ils n’ont jamais été montés sur la scène du Capitole. Après Billy Budd, Peter Grimes, Curlew River et Albert Herring, le tableau s’élargit encore. Les deux sont tirés de nouvelles d’Henry James, le premier vit les débuts d’un certain David Hemmings. Les deux seront dirigés par David Cyrus, déjà dans la fosse pour Belshazzar et La Clémence de Titus.
L’opéra baroque, c’est Castor et Pollux de Jean-Philippe Rameau avec à la direction musicale Christophe Rousset et ses Talens lyriques, une production venant du Théâtre de Vienne, dans une mise en scène de Mariame Clément, artiste qui nous a plus qu’agréablement surpris par son travail dans Les Pigeons d’argile. Si je ne m’abuse, c’est encore une création au ……Théâtre du Capitole !
Quant à l’ouvrage contemporain, il s’intitule Massacre de Wolfgang Mitterer, œuvre créée à Vienne en 2003. Figure de la musique expérimentale allemande, toujours en quête d’expériences limites, Wolfgang Mitterer, né en 1958, s’est inspiré pour composer son «Massacre» du «Massacre à Paris» du dramaturge élisabéthain Christopher Marlowe (1564-1593). Le « Massacre », c’est celui de la nuit de la Saint-Barthélémy qui a inspiré au compositeur-organiste autrichien une œuvre grouillante de peurs vociférantes. Vous lirez les quelques lignes que la brochure lui consacre afin de ne pas être interloqué le jour de la représentation car votre curiosité va vous obliger à y assister. Le spectacle est donné, comme quatre autres à renseigner, dans le cadre du cycle Présences vocales par le collectif éOle, Odyssud, le Théâtre du Capitole et le Théâtre Garonne.
On n’oubliera pas Porgy and Bess donné à Odyssud par le New York Harlem Theatre, Orchestre et Chœurs, pour 7 représentations. Il les faudra bien. Cet opéra de George Gershwin rencontre toujours un succès fou.
C’étaient quelques impressions sur la saison qui vous attend, mais aussi sur celle qui s’achève sans oublier le dernier opéra, Daphné, encore une découverte pour la grande majorité d’entre nous.
Michel Grialou
– par correspondance, jusqu’au 15 juin, à
Théâtre du Capitole, Service location, BP 41408, 31014 Toulouse Cedex 6
– en ligne, jusqu’à la date du premier spectacle de chaque abonnement
.