Pour Nate, c’est le premier jour de boulot dans un foyer pour adolescents en difficulté. Il n’a jamais travaillé avec un tel public, aussi il est un peu nerveux à l’idée de cette expérience.
Devant l’entrée du centre, il discute avec ses collègues dont le jovial Mason, qui tente de le mettre à l’aise en lui racontant quelques anecdotes croustillantes sur la vie par ici. Il y a aussi Grace, qui dirige le foyer et supervise le groupe d’adolescents.
Plus réservée que Mason, plus distante à vrai dire, elle est par contre toujours disponible dès qu’il s’agit du bien être des pensionnaires, répondant présente au moindre besoin.
C’est un fait, Grace a toutes les peines du monde à maintenir un lien quand il ne s’agit pas d’un ado en souffrance. Même se livrer auprès de Mason, de qui elle partage la vie depuis plusieurs années, lui est chose impossible. L’arrivée de Jayden au centre fait resurgir chez elle des souvenirs oubliés et va ébranler l’équilibre précaire que la jeune femme avait réussi à établir.
Quand un réalisateur maîtrise son sujet (et que celui – ci lui tient autant à coeur), cela se ressent en général à l’écran. Il faut dire qu’avant d’arriver dans le milieu du cinéma, Destin Cretton était lui – même éducateur spécialisé. Et avant d’adapter States of Grace, il en avait fait le sujet d’un premier court – métrage.
Si on ne peut lui reprocher son investissement et le choix de son thème, il n’en va pas de même pour le traitement de son histoire. Sous ses allures de petit film indé (caméra sur épaule, photographie sans artifice, casting dénué de grosse star bankable …), States of Grace aligne malheureusement les travers de films beaucoup plus traditionnels : personnages un chouilla caricaturaux, situations et rebondissements que l’on voit débarouler de loin, déroulé convenu …
C’est dommage, le sujet (fort), les interprétations (brillantes) auraient mérité un meilleur traitement (qui aurait d’ailleurs permis de se sentir encore plus concerné par ce qui se passe à l’écran) …
Reste toutefois quelques scènes bien senties (le rap de Marcus, le conte de Jayden, les tentatives d’évasion à répétition de Sammy) et qui fonctionnent bien car dans ces moments – là, Destin Cretton s’oublie un peu, ne tente pas de trop en faire.
Reste aussi un sujet qui aurait du mal à laisser indifférent et une Brie Larson qui n’en finit jamais d’occuper vaillamment l’écran.
Elle y est épatante, tout comme John Gallagher Jr, en petit ami sincèrement épris mais totalement dépassé par les évènements.
À mon humble avis, States of Grace ne mérite pas tout à fait l’avalanche de prix et de critiques dithyrambiques dont il fait l’objet. Mais cela encouragera certainement Destin Cretton (à mieux faire) pour la suite. Je reste donc optimiste.
En vous remerciant.