« Yves Saint Laurent », un film de Jalil Lespert
En attendant l’autre biopic sur ce génial couturier que fut Saint Laurent, signé Bertrand Bonello et dont la sortie est repoussée au 1er octobre prochain, voici donc l’opus de Jalil Lespert sur ce même personnage. Si le choc est immédiat, il est relatif à la véritable incarnation de Saint Laurent par Pierre Niney. C’est stupéfiant. Certes, on ne devient pas pensionnaire de la Comédie Française à 21 ans par hasard, mais la totale assimilation du physique, des gestes et de la voix du compagnon de Pierre Bergé est stupéfiante de mimétisme. Une performance dramatique qui en dit long sur le talent de ce jeune comédien de 24 ans. A vrai dire il porte le film sur ses épaules. Le scénario fait clairement l’impasse sur YSL créateur. Malgré quelques défilés, d’autant plus importants que les robes portées sont les vrais, le travail du créateur n’est franchement pas au centre du film. Ce qui a intéressé le cinéaste est la longue et parfois tumultueuse relation qui a uni le couturier à son pygmalion. C’est donc sous un angle franchement romanesque (pourquoi pas ?) que la vie d’YSL nous parvient ici. Et c’est d’autant plus intéressant que Pierre Bergé a littéralement ouvert à Jalil Lespert et ses scénaristes les secrets de sa vie la plus intime avec YSL. C’est ainsi qu’il leur a donné accès aux lieux mêmes de leur existence, ainsi qu’aux croquis originaux, aux véritables modèles, au logo de l’entreprise, au Jardin Majorelle de Marrakech, lieu de création privilégié de Saint Laurent et jusqu’aux lunettes du couturier qu’arbore Pierre Niney. Difficile de faire plus ! Tous les autres personnages de cette aventure sont superbement interprétés, au premier rang desquels Guillaume Gallienne (Pierre Bergé), mais la figure du couturier est d’une telle puissance dans sa fragilité que l’on reste devant totalement fasciné.
Robert Pénavayre