Jane Birkin et ses musiciens étaient hier au Théâtre Sorano pour nous présenter Arabesque. Un très beau concert, une très belle rencontre. Mais il y avait autre chose, que je n’avais jamais vue auparavant, autant de force et de fragilité à chaque chanson. La grâce.
Jane Birkin chante trois chansons de Serge Gainsbourg, seul le piano par Fred Maggi l’accompagne. Puis celui-ci s’arrête pour La chanson de Prévert, l’une des chansons que je trouve les plus belles au monde. Ce n’est donc plus une chanson, puisque sans aucune musique, ni même une mélodie dans l’énonciation. Juste la voix de Jane et les mots de Serge. Redécouvrir ce texte comme si c’était la première fois. Etre tellement touchée par ce qui se passe sur scène, tellement de beauté que j’ai souri et pleuré en même temps. Le violon de Djamel Benyelles, les percussions d’Aziz Boularoug et le luth de Zakaria Masrour viennent alors orientaliser la suite du concert, à commencer par Elisa. Toutes les chansons se redécouvrent elles aussi par les réarrangements de Djamel Benyelles. Celui-ci et les musiciens sur scène forment le groupe Djam and Fam. Ils nous offriront She left home, un de leur morceau. La voix de Zerouki viendra embellir davantage certaines chansons. Toutes les chansons revisitées sont fredonnées par les trois générations sous le charme qui composent le public.
Durant le concert, Jane lit le poème Close to the River, de son neveu Anno, membre du groupe Kicks Joy Darkness. Elle explique qu’en partageant son poème, il continue ainsi à vivre, malgré le fait qu’il soit mort trop tôt. Voilà pourquoi elle continue de chanter les textes de Serge Gainsbourg. Jamais la tristesse n’était présente durant les 1h45 de spectacle, uniquement la générosité de partager un souvenir dansant. Comme tous cadeaux que l’on reçoit et qui font du bien, il fut standing ovationné sous une pluie de « merci ! ». La grâce.
Alors ce soir, Serge Gainsbourg continuera à vivre, puisque lors d’une soirée intitulée Unique, ses textes seront lus par Jane Birkin, Michel Piccoli et Hervé Pierre, toujours en compagnie du pianiste Fred Maggi, toujours au Théâtre Sorano.
.