Intitulée « L’ours, mythes et réalités », voilà une exposition qui se voit récompensée d’un label très convoité, celui d’expo d’intérêt national, et qui recueille tous les suffrages chez les petits comme chez les grands et ce, depuis le 11 octobre. Devant se terminer le 30 juin 2014 au Museum d’histoire naturelle, elle a été prolongée jusqu’au 3 août, ce qui ne pourra que satisfaire les retardataires en même temps que d’enchanter les nombreux touristes de passage à Toulouse et dans la région.
Entièrement l’œuvre du Museum, elle est montée en hommage à Cannelle dont la «résurrection» ne va pas manquer de stupéfier les visiteurs. Complètement rénovée et réouverte au public depuis quelques années, la structure du Museum continue à assurer pleinement, par ce magnifique travail d’équipe patient et rigoureux, son rôle d’éveilleur de « science et conscience du vivant ».
On sait que c’est le Museum qui a récupéré la dépouille de Balou, âgé de 11ans. L’animal, véritable symbole de la région, a trouvé la mort le 9 juin dernier, une mort accidentelle. Seul son squelette (la dépouille étant trop abîmée) intégrera les collections du Muséum d’histoire naturelle de la Ville rose. Il rejoint Papillon, Palouma et Cannelle qui font déjà partie de l’expo.
Organisée autour de plusieurs thématiques – culture, nature et sociétés – cette exposition est l’occasion d’établir un état des lieux sur notre rapport à l’ours, cette sorte de double de l’homme, notre côté sauvage, à travers la représentation que nous nous en faisons, confrontés à la réalité scientifique et environnementale s’imposant à nous. Le parcours remarquable mis au point vous conduira de l’animal miroir jusqu’au problème si débattu dans notre région et plus largement sur le territoire national, du « vivre ensemble » de l’ours dans les Pyrénées, en passant par le mythe « contes et légendes » puis la réalité, le « portraits de famille » et enfin, le « histoire d’ours, histoire d’homme ». C’est donc bien un travail sur « l’ours dans toutes ses dimensions », qui vous est présenté, un travail, de plus, rendu expressément abordable pour le plus grand nombre de visiteurs.
Bien sûr, il fallait qu’une peluche soit présente car, ne l’oublions pas, c’est l’ourson qui emporte la palme des animaux les plus recherchés parmi les peluches. Combien sont-ils les petits à dormir blottis contre leur ourson ? On dit les petits mais on pourrait rajouter quelques “grands“ qui n’ont pas quitté celui qui reste leur souvenir d’enfance le plus cher. On ne se sépare que rarement de son ours en peluche, même passablement abimé, même usé jusqu’à la trame !!
L’événement est organisé autour de la naturalisation de la célèbre ourse Cannelle, abattue par un chasseur de sanglier, il y a neuf ans dans le Béarn, et dernière survivante femelle de la souche pyrénéenne pure. C’est la vedette de l’expo. D’aucuns, aux cheveux grisonnants ! pourront chantonner la chanson d’Antoine : « je l’appelle cannelle,……parc’que son corps est bronzé…… » tout en admirant le travail remarquable et les trésors d’astuces de Brian Aiello, le taxidermiste qui a réussi à recréer l’illusion de la vie chez cet animal dont l’intégrité physique avait été considérablement mise à mal par la balle d’abord, par les vautours ensuite et par les huit ans passés dans un congélateur.
Un travail dont les péripéties ne manqueront pas d’exciter votre curiosité ! La taxidermie est une unité remarquable faisant partie du Museum depuis…1865 !! (chacun se chargeant de former son successeur.) Par exemple, l’artiste taxidermiste a su récupérer des bouts de fourrure de Franska, une ourse slovène tuée en 2007 (accident de la route). « Cannelle était très blonde et Franska avec des reflets roux. J’ai demandé à un ami coiffeur de faire des tests pour éclaircir ses mèches afin d’avoir une homogénéisation du pelage », précise Brian Aiello. On vous le dit, du travail d’orfèvre, avec, de plus, de nouvelles techniques qui ont pu être mises au point grâce à ce travail sur Cannelle. Quant aux yeux, vous n’en oublierez pas non plus le regard !
Boris Cyrulnik est le parrain de l’expo. Neuropsychiatre et éthologue renommé (science du comportement), il est intervenu dans tout ce qui dans le parcours fait se rapprocher l’ours de l’homme, Ursus arctus arctus de Homo sapiens sapiens, et tous ces éléments réunis participent au côté passionnant de l’exposition elle-même qui ne se résume pas à une simple présentation de quelques ursidés. Vous n’en raterez pas cependant la présentation avec de forts beaux spécimens, du panda à l’ours blanc polaire en passant par l’ours à collier, etc…. Il faut impérativement lire les deux textes présentés. Et s’attarder sur tout ce qui est présenté sur les écrans, s’intéresser aux jeux, aux diverses surprises, aux documents filmés, etc…
Si près, si loin,
Dans l’espace « contes et légendes », la video sur la Fête de l’ours donnera peut-être envie à la gent féminine de se rendre à Prats de Mollo dans les Pyrénées Orientales, pour participer bien sûr de façon efficace à la fête elle-même, sensations fortes assurées.
Une expo qui devrait connaître un franc succès, et récompenser ainsi la somme de travail et de réflexion.
Michel Grialou