Au théâtre Le Vent des Signes, en dehors des sentiers battus, le festival Insolite Musiquemots provoque à Toulouse la rencontre entre musiciens et performers.
Avec cinq représentations en trois jours, le festival Insolite Musiquemots convie les spectateurs toulousains du théâtre Le Vent des Signes à partager avec ses artistes des moments d’étonnement, joyeux et festifs, bousculant la pensée, questionnant les perceptions, ouvrant la curiosité, toujours au plus près du vivant. Parce que, pour citer Jean-Pierre Siméon, «il y a d’autres façons de voir et de penser le monde». Lieu attaché aux recherches et expérimentions scéniques, le Vent des Signes est dirigé par la comédienne-performeuse Anne Lefèvre (photo). Sitôt revenue du festival d’Avignon – où elle présentait avec Enrico Clarelli « J’ai apporté mes gravats à la déchetterie » -, elle s’est attelée à l’écriture d’un nouveau matériau-texte : « Sujet/Pas objet ». Inventaire d’indignations et d’écœurements, listes de grands plaisirs et de petits bonheurs, micro-récits sensibles de rencontres humaines, ce texte qui procède du rite initiatique, elle le présentera lors de son festival Insolite Musiquemots [et + si affinités].
Ayant déjà assisté à ces rendez-vous ponctuels au fil de plusieurs saisons, le public se souvient de ces moments d’énergie brute, croisant lectures agitées d’écritures contemporaines – qu’elles soient du cru de la comédienne, du poète Francis Ricard, de Tanguy Viel ou bien de Rodrigo Garcia – et musique improvisée – saxophone de Heddy Boubaker, sample électroniques de Jacky Merit, contrebasse de Vincent Ferrand… Ici, Anne Lefèvre sera en vagabondage sonore avec le batteur Mathias Pontevia, pratiquant l’improvisation libre sur batterie horizontale ! Les deux artistes convoqueront leur énergie corporelle commune pour un frottement explosif du dire et du son.
Décidément très engagé physiquement, ce festival invite aussi Samuel Mathieu. Danseur, chorégraphe et directeur artistique du festival Neuf9 (1), il livrera une performance chorégraphique justement nommée « la Performante ». Créé en 2011, au Centre chorégraphique national de Roubaix, ce solo est scandé par seize métronomes – hommage au compositeur contemporain György Ligeti et à son « Poème symphonique pour 100 métronomes » – dont les derniers cliquetis accompagneront le dernier souffle du danseur. Un exercice à la durée aléatoire pour une performance unique.
Enfin, clôturant ces trois jours de festival, Franck Dadure proposera un voyage électro-acoustique live. Appelé The Fakir pour ses formes de nu-jazz à la clarinette turque électrifiée, ce musicien improvisateur, producteur et créateur de génériques pour Radio France, a invité pour l’occasion Yvan Picault (flûte, clarinette basse et saxo ténor) sur son projet « Sound Es-cape ». Cette exploration musicale aux sonorités étranges et futuristes – dont l’un des instruments est la capture de sons issus de son dernier voyage à Istanbul – nous embarquera dans un dépaysement assuré, et plus si affinités…
Sarah Authesserre
une chronique du mensuel Intramuros
Du jeudi 10 au samedi 12 octobre, au théâtre Le Vent des Signes,
6, impasse de Varsovie, Toulouse. Tél.: 05 61 42 10 70.
(1) Du 25 novembre au 1er décembre à Auterive.
A. Lefèvre © Gilles Vidal
Affiche © Walèria Manixa
.
.