« Magnifica Presenza », un film de Ferzan Özpetek
De ce réalisateur turc depuis longtemps installé en Italie, deux films en particulier ont marqué son parcours jusqu’à aujourd’hui : Hamam en 1997 et Le premier qui l’a dit en 2010, deux comédies dans lesquelles règnent autant l’émotion que la sensibilité de ton. Son dernier opus est de la même veine. Il nous entraîne sur les pas de Pietro, un jeune pâtissier qui se rêve acteur de cinéma. Pour des raisons sentimentales, Pietro s’installe à Rome dans une grande et vieille demeure pleine de charme et…de fantômes en tenue de soirée. En effet, celle-ci a été le lieu d’un drame atroce durant le dernier conflit mondial. Toute une troupe de comédiens passés ad patres y a donc élu domicile en attendant de trouver la paix éternelle. Si l’affaire est un rien confuse, peu importe car ce n’est pas tout à fait le sujet du film. Tout d’abord totalement effrayé par ces habitants d’un autre monde, Pietro, abandonné froidement par le garçon avec lequel il comptait faire sa vie, va finalement entrer en contact avec eux. Ils vont l’aider, le coacher pour passer ses auditions, un coaching un peu daté qui fleure bon les débuts du 20ème siècle. Il faut dire que cette troupe sympathique n’a pas conscience du temps qui est passé. Et pour cause. Comme dans toute bonne comédie italienne, le drame est toujours à fleur de scénario, mais c’est la légèreté et une étincelle de bonne humeur qui finissent par l’emporter. C’est ainsi que ce film se présente, avec un héros fascinant de présence, Elio Germano (Pietro), un Pierrot romantique et ingénu en diable nous menant par le bout du nez dans son univers sans jamais nous dire où est la frontière entre réel et imaginaire. Pour la petite histoire, l’un des fantômes est joué par Ambrogio Maestri, baryton-basse comptant parmi les plus extraordinaires de notre époque !
Robert Pénavayre