« La cage dorée », un film de Ruben Alves
Pour son premier long, le Portugais Ruben Alves se penche sur ses origines. Il le fait avec un sens de l’humour et l’exactitude d’un regard qui forcent l’admiration. Maria (Rita Blanco) est concierge dans un immeuble pour le moins cossu. Son mari, José (Joaquim de Almeida), est un chef de chantier particulièrement apprécié. Ils ont l’air d’assumer leur vie d’expatriés avec sérénité. Ce qui n’est pas le cas de leurs deux enfants, deux jeunes gens largement post ados : Paula et Pedro, dont le souci permanent est d’esquiver leurs racines. Mais voilà, un beau jour, José apprend qu’il vient d’hériter d’un domaine au Portugal, sous réserve de l‘habiter. Les réactions de sa famille vont être très diverses. C’est au travers d’elles que Ruben Alves nous fait approcher tous les problèmes liés à l’immigration et au déracinement, à la fracture sociale et aux liens familiaux. Il le fait avec une habileté et une sensibilité qui font à la fois sourire et serrer la gorge. Il y a dans son scénario un perpétuel sentiment d’authenticité, de vérité et de justesse de ton. Ces gens, sur l’écran, inutile de nous mentir, nous les avons croisés, de plus ou moins près. Et force est de reconnaître leur puissance de feu au travail, leur honnêteté, leur abnégation et leur gentillesse aussi. En somme, comme un modèle. Sous son aspect de comédie sociale un rien marrante, Ruben Alves passe au scanner un exemple réussi d’intégration.
Robert Pénavayre