« Spring Breakers », un film d’Harmony Korine
En 1997, un tout jeune réalisateur américain de 24 ans frappait très fort avec un premier long assez décapant (interdit aux moins de 16 ans), le sulfureux Gummo. Avec Spring Breakers, il signe ici son sixième long métrage, cette fois interdit aux moins de 12 ans. Ce trublion du 7ème art se serait-il assagi ? Pas vraiment à voir le pitch de ce dernier opus, rien moins que la semaine de lâchage complet auquel se livrent les étudiants nord-américains au début du Printemps. Ce sont en fait de véritables vacances scolaires pendant lesquelles ils doivent se reposer et n’ont donc aucun devoir à rendre. Direction donc le soleil et une bamboula effrénée qui, aujourd’hui, atteint de véritables paroxysmes en termes de consommation d’alcool, de drogue et de sexe. Mais pour bien en profiter, il faut de l’argent, c’est ce que se disent nos quatre pimprenelles, héroïnes de ce film, qui, derechef, braquent un fast food et repartent pleines aux as. Arrivées sur la plage tant convoitée, outre qu’elles se font coffrer par la police, les voilà délivrées sous caution par un mystérieux « bienfaiteur ». Il s’appelle Alien (hallucinant James Franco), en fait un mafieux qui va les embrigader dans ses petites combines. Voire plus… La descente aux enfers peut commencer, même si l’une d’entre elles, un peu plus consciente que ses copines, lâche le quatuor rapidement. Ce portrait en creux d’une jeunesse totalement déboussolée est d’une telle puissance mêlée d’amoralité que l’on sort de là complètement K O. Korine, en s’abstenant de la moindre concession, emballe littéralement son film au son d’une BO d’enfer, de couleurs fluo parfaitement assumées et d’un montage syncopé qui finit par donner le vertige. En tout état de cause, il est difficile de rester insensible.
Robert Pénavayre
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