Installée depuis 2009 au bord du canal de Brienne, à Toulouse, Stéphanie Dastugue façonne la porcelaine dans son atelier-showroom. Des arts de la table aux luminaires, cette ancienne designer conjugue savoir-faire, création et transmission dans un artisanat en constante évolution.

Stéphanie Dastugue © Julie Abader Studio Noor
Avant d’ouvrir son atelier au 27 allée de Brienne, Stéphanie Dastugue a connu plusieurs vies professionnelles. Diplômée en ébénisterie, elle se destine au design de mobilier, un domaine qu’elle exercera pendant huit ans, en freelance ou en bureau d’études, avec l’intention affirmée de collaborer avec des artisans « en connaissance de cause ».
Pourtant, avant même de se former à l’ébénisterie, Stéphanie avait goûté à la céramique durant une année d’études. Et c’est justement la terre qu’elle retrouve, presque par hasard, alors qu’un bureau d’études où elle travaillait venait de fermer ses portes. Elle s’y remet d’abord pour le plaisir, puis la pratique prend « petit à petit sur ma vie et mes envies, alors j’ai lancé mon activité », lance l’artisane. C’était en 2009.
Un artisanat accessible et vivant
La transition vers la céramique n’est pas seulement liée au plaisir de faire. Elle repose aussi sur une forme de logique économique, « C’était pour moi le bon compromis, je pouvais faire à la fois le design et la réalisation », confie la céramiste. Et contrairement à l’ébénisterie, l’installation d’un atelier de céramique en ville est plus abordable, tant en termes de coûts que d’espace ou d’outillage.
Avant d’ouvrir son espace actuel, Stéphanie travaille d’ailleurs depuis chez elle, mais l’atelier finit par s’imposer. Elle commence par présenter ses créations à ses proches et à quelques artisans susceptibles d’avoir un regard critique. Les retours sont encourageants. Elle se donne un an pour tirer un premier bilan. Il sera positif, l’affaire est viable. Alors elle continue.
Une matière capricieuse
Depuis, Stéphanie Dastugue travaille la céramique avec constance et passion. Seize années plus tard, elle insiste sur la complexité d’un savoir-faire toujours en mouvement, « C’est un domaine où l’apprentissage est constant », affirme la céramiste. Il faut dire que la céramique recouvre des champs très divers, comme les bijoux, poteries, sculptures, arts de la table, design d’objets…
Parmi les innombrables chemins, son domaine de prédilection est la vaisselle, les arts de la table. Mais la porcelaine, matière reine de ses créations, impose ses lois qu’elle dompte chaque jour. « C’est une matière qui a beaucoup de mémoire. Tous les gestes que l’on fait pendant la fabrication peuvent déformer la pièce après cuisson, la fragiliser voire la casser », explique Stéphanie Dastugue. Une exigence technique, certes, mais qui n’empêche pas l’équilibre recherché entre esthétique et robustesse, car « Il faut que les gens puissent manipuler les pièces sans les casser le lendemain. », surtout quand il s’agit de pièces du quotidien, comme des assiettes.

© Stéphanie Dastugue
Du plat à tarte au luminaire
Cependant, l’univers de Stéphanie s’étend bien au-delà des assiettes. Elle travaille avec des restaurants, pour qui elle crée des services et pièces sur mesure. « Parfois les chefs commandent des pièces uniques pour la conception d’un plat en particulier, et à moi de faire plusieurs essais pour répondre au mieux à la demande, à innover », se souvient l’artisane. Avant toute chose, Stéphanie développe aussi des collections personnelles qu’elle expose dans son showroom, où la majorité de ses ventes s’opère.
En ce moment, elle s’attelle à des plats à tarte, sortant de son panel habituel. Elle accepte aussi des commandes de particuliers et explore d’autres formes fonctionnelles, comme les luminaires, abat-jours, photophores. La porcelaine, seule terre translucide, permet alors de jouer avec la lumière et de créer des objets décoratifs et sur mesure. Les techniques diffèrent.

Stéphanie Dastugue ©Julie Abader Studio Noor
Techniques de création d’une céramiste
Stéphanie travaille principalement la porcelaine sous deux formes : la pâte et le coulage. La première, elle l’étale « comme une pâte à tarte », image-t-elle, pour façonner des objets sur mesure, adaptés à des formes uniques. Cela peut s’apparenter à des plateaux, des plats à fromages ou donc des luminaires. Pour les séries, elle utilise la porcelaine liquide et des moules en plâtre, un procédé de coulage qui permet la répétition d’un même volume, sans jamais pour autant produire deux pièces identiques. Cette méthode de production représente « le gros de ma production », précise la céramiste.
Côté décoration, elle utilise l’engobe, une technique consistant à teinter la pâte blanche de la céramique à l’aide d’oxydes naturels comme le fer ou le cobalt, « cela donne une couleur sans utiliser de peintures, qui ne supporteraient pas la cuisson », indique Stéphanie Dastugue. Elle cuit ses pièces à plus de 1250 °C, une température nécessaire aux terres à haute température qu’elle travaille. Autre savoir-faire maîtrisé : le Mishima, qui consiste à creuser la matière avec des outils, textiles ou végétaux, à remplir ensuite ces cavités d’engobe pour créer un décor en creux, poncé après cuisson pour ce qui est du surplus. Le tout est utilisable au quotidien, y compris en lave-vaisselle ou micro-ondes.
Son outil de prédilection ? Le couteau, pour tracer des lignes et des motifs. Mais elle détourne volontiers des objets du quotidien pour en faire des outils improvisés. « Paille, peignes, ustensiles ou tissus récupérés en droguerie ou en brocante, s’avèrent souvent utiles pour mes créations », énumère-t-elle. Ce savoir-faire, elle ne le garde pas pour elle, et s’efforce de le partager.
Céramiste : transmission et avenir
Stéphanie Dastugue partage également son savoir-faire à travers des stages, très demandés ces dernières années. Elle note un engouement croissant pour la céramique, « pas tant pour l’achat d’objets, mais plutôt pour les ateliers et stages, qui deviennent des cadeaux d’anniversaire ou des expériences de découverte ». Elle propose donc des initiations de quelques heures via la plateforme Wecandoo, mais aussi des stages plus longs, de un à cinq jours, où les techniques vues sont plus poussées.
Aujourd’hui, son équilibre professionnel se partage entre production et enseignement, mais elle envisage de faire évoluer cette répartition « en faisant moins de stages », confie Stéphanie Dastugue. Elle rêve aussi de créer des pièces peu ordinaires, toujours fonctionnelles, comme des vases en tout genre par exemple. Toujours dans les arts de la table. Toujours entre les mains de ceux qui sauront les utiliser.
Informations Pratiques :
Réservation stage d’initiation court : sur la plateforme Wecandoo ( stage 1/ stage 2/ stage 3 )
Réservation stage d’initiation long : sur le site officiel
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