La 3e édition du Nouveau Printemps a lieu jusqu’au dimanche 22 juin 2025. Cette nouvelle saison d’art contemporain multimédia s’annonce vaste, pour le dévoilement de récits personnels sur toiles, musiques, vidéos, broderies, fresques… Un mois culturel unique à parcourir dans l’hypercentre de Toulouse.

« Figures, 1889, Planisferio » – Malala Andrialavidrazana
Cette nouvelle édition, symbole de la fin du printemps et du début d’été artistique toulousain, a été pensée par Kiddy Smile autour des liens familiaux accueillants, et des identités plurielles.
Un festival à plusieurs voix
Le parcours du Nouveau Printemps, dont les Toulousains ont déjà pu observer les affiches incitatives rouge flashy et blanc strident et à l’ordre que chacun peut choisir, peut se débuter au sein de la galerie d’Inessential Space (quartier de la Daurade) où l’œuvre de Roméo Mivekannin The Two Sisters pose la question suivante : qui a droit à son portrait ? Les troubles dans le genre y sont questionnés.

Roméo Mivekannin, « The Two Sisters », after Théodore Chasseriau, 2003
Malala Andrialavidrazana y expose des fictions cartographiques comme une critique aux imaginaires dominants. Marie-Claire Messouma Manlanbien questionne l’interprétation, à travers ses broderies, de nos êtres liés aux quatre éléments ressortant des tissus.
Des corps en mouvement et des récits fragmentés
À l’Université Toulouse 1 Capitole, le photographe et artiste multimédia André Atangana présente Terangana, un triptyque de photographies en noir-et-blanc d’une très grande qualité autour des masculinités noires et queer et de la communion des corps pour une « harmonie qui rassemble ». Ce triptyque se prolonge en vidéo au Centre Culturel Bellegarde (entre Jeanne d’Arc et Saint-Sernin) par un film dont l’ancrage dans le réel est plus concret.

« Terangana » – triptyque de photographies du réalisateur et photographe André Atangana
Y expose aussi la photographe et réalisatrice Randa Maroufi, laquelle compose une série diptyque Les Intruses #4 qui révèle la place, le rôle des visibles et des invisibles dans l’espace public. Dans ses œuvres, elle met en scène les femmes dans des lieux de pouvoir, inspirée d’une image célèbre au FMI où Christine Lagarde déjeunait avec un groupe uniquement composé d’hommes. À l’ENSAV, H•Alix Sanyas s’attaque aux codes du langage dans une installation sur la dé-binarisation des mots.
Arnaud-Bernard pour se souvenir et transmettre
Meryem-Bahia Arfaoui souhaite que les Toulousains arpentent le quartier d’Arnaud-Bernard en se souvenant. L’artiste réalise un documentaire sonore disponible sur QR code dans le cadre du Nouveau Printemps dans le but de se remémorer l’époque d’un Arnaud-Bernard populaire qui mue et se gentrifie. Meryem-Bahia Arfaoui y articule archives, récit personnel et responsabilité de transmission, notamment dans le film Camionneuse en collaboration avec Arte.

Documentaire sonore de Meryem-Bahia Arfaoui disponible en scannant ce QR code
Au Musée Saint-Raymond (lieu d’art et d’archéologie qui « casse les codes » selon Laure Barthet, directrice du musée), Roméo Mivekannin, de nouveau, poursuit sa réflexion sur la « double conscience » des personnes racisées. Binta Diaw y fait surgir la mémoire des déportés pendant l’esclavage : les tresses des femmes deviennent art contemporain et sont un des lieux de résistance. Lors de la traversée, elles cachaient dans leurs cheveux crépus des plantes qui se trouvent aujourd’hui aux Caraïbes notamment.
Une maison, un foyer, une constellation
Au sein de l’intime Chapelle des Cordeliers, A House Should Be a Home de l’altruiste Kiddy Smile explore les corps queer – dans la réappropriation de leur beauté intérieure et extérieure – et l’univers ballroom de la House of Gorgeous Gucci, notamment à travers son film « Mother » qui est un hommage émouvant et puissant à Nikki Gorgeous Gucci. À la Bibliothèque d’étude et du patrimoine, Raphaël Barontini présente une magnifique œuvre textile monumentale en hauteur, au niveau du dôme, comme une constellation, un des points centraux du Nouveau Printemps qu’il n’appartient pas de « spoiler » ici.

« Naître au monde, c’est concevoir (vivre) enfin le monde comme relation #8s » – Binta Diaw
Du vendredi 23 mai au dimanche 22 juin 2025, le Nouveau Printemps invite à circuler, à déambuler à la découverte d’un art déjà historique. Seulement effleuré ici, ce mois d’art est un must à Toulouse, entre mémoire collective, représentations intimes et nouvelles et fidèles filiations.
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