Geneviève Laurenceau et Tugan Sokhiev amoureux fabuleux de Prokofiev !
On peut être enchanté du duo de choc que font les deux musiciens surdoués tant le résultat est magnifique et ce depuis leur rencontre. Que ce soit au disque, récemment paru chez Naïve, en concert à Toulouse pour l’AIDA (les mécènes de l’orchestre) ou en région, voir même en tournée, le deuxième concerto de Prokofiev pour violon et orchestre est porté à l’incandescence par Geneviève et Tugan, en amoureux éperdus de la beauté et de la passion musicale. Dès les premières notes du concerto, a capella, par le violon, l‘auditeur sait qu’il a affaire à une violoniste rare. Le son plein, viscéral et rauque de son stradivarius aiguise notre écoute. L’accord entre le chef, la soliste et tout l’orchestre est ensuite vertigineux. Les gestes de partage le prouvent l’entente entre le chef et sa supersoliste est harmonieux.
La virtuosité de Geneviève Laurenceau l’autoriserait à quitter l’orchestre et à entreprendre une pure carrière de soliste, ou de chambriste mais on sent l’admiration mutuelle qui lie nos deux génies musicaux, que Toulouse a la grande chance de compter dans ses murs. Un jour, ils partiront, enviés par la planète, mais, pour l’instant ils sont là, heureux et liés par une exigence musicale au sommet, des moyens inouïs et une générosité sans bornes. Le deuxième mouvement, cette cantilène si nostalgique et si belle est le sommet de la rencontre entre les musiciens, le chef et la violoniste ? Des pierres en pleureraient !
Ce deuxième concerto de Prokofiev est nostalgique et post romantique. Il permet au violon de s’épancher et de pleurer mais aussi de briller de mille feux. Geneviève Laurenceau est admirable de tenue, d’élégance et d’audace. Son interprétation égale celle des plus grands avec une simplicité qui séduit car elle fait oublier sa technique superbe. Aucune recherche de l’effet mais une proximité du texte dans l’esprit russe le plus troublant : La cantilène du deuxième mouvement ! L’orchestre est magique, tout particulièrement dans ce mouvement, léger et profond à la fois. Tous les instruments rivalisent d’engagement dans ce concerto très exigeant pour l’orchestre. Les tempi de Tugan Sokhiev sont frappés par l’évidence. On sent son don si généreux et son écoute exigeante et émue de musiciens qui osent tout à sa demande.
Il ne fait pas de doutes que cette association de talents si rares à Toulouse, fait de la ville rose une capitale symphonique enviable.
Hubert Stoecklin pour culture31.com
Crédits photos : Gil Pressnitzer