Le mercredi 26 février à 20h, au Théâtre du Capitole, c’est la soprano Véronique Gens accompagnée au piano par Christophe Manien qui affronte ce monument de l’art lyrique appelé La Voix humaine. Il est mis en musique par Francis Poulenc, le livret étant de Jean Cocteau.
![Véronique Gens © Marc Ribes](https://blog.culture31.com/wp-content/uploads/2025/02/veronique-gens-marc-ribes.jpg)
Véronique Gens © Marc Ribes
En d’autre temps, la chanteuse avait décrété : « Dans la vie courante, je ne suis pas constamment en train de me prendre pour une tragédienne ! » C’est pourtant le moment de se révéler tragédienne tout autant que dans les nombreux rôles abordés brillamment jusqu’à présent dans le domaine baroque. C’est un bouleversant monologue dramatique qui se déroule sans filet, une tragédie lyrique pour voix seule. Une véritable performance de théâtre et d’exercice vocal. Une maîtrise accomplie de la déclamation sera au rendez-vous.
Tragédie lyrique en un acte, le texte est extrait de la pièce de Jean Cocteau représentée pour la première fois au Théâtre de la Comédie-Française le 17 février 1930. Elle sera créée le 6 février 1959 au Théâtre national de l’Opéra-Comique à Paris par la soprano Denise Duval pour qui l’œuvre fut mise en musique. Une mise en scène et un décor de Jean Cocteau, sous la direction de Georges Prêtre. La version piano fut créée par Poulenc pour faciliter le “voyage“ d’un théâtre à l’autre avec son interprète Denise Duval. L’essentiel est là : la “décomposition“ d’un être abandonné, placé dans une situation moderne où le téléphone devient un véritable protagoniste qui peut se transformer en une « arme effrayante ».
![Francis Poulenc](https://blog.culture31.com/wp-content/uploads/2025/02/francis-poulenc.jpg)
Francis Poulenc et Jean Cocteau
Elle se livre seule à une scène déchirante de rupture définitive au téléphone, mais appareil des années cinquante, avec fil et prise, et lignes encombrées !.
Le rôle est unique et il peut être interprété par une femme dont la tessiture n’est pas une condition première. Tout est dans l’interprétation et dans la gestion des nombreux silences, interruptions et points d’orgue qui nécessitent une entente parfaite avec, ici le pianiste, et dans la version avec orchestre, avec le chef. Moments d’angoisse, moments d’accalmie, de la tendresse à la passion, parfois même à la violence, tout cela peut être plus ou moins subi en fonction des interprètes. Elle évoque le passé, les jours heureux, ment, avoue sa tentative de suicide, nie la réalité de son abandon. Les interventions de l’homme ne sont évoquées que par les pauses de la voix féminine et par ses réponses. En fonction de l’interprétation, la prouesse dure environ quarante minutes. Ce douloureux entretien s’achève après que son amant a mis un point final à la conversation.
Pas de mise en scène à part quelques éléments indispensables. Une scène de rupture sûrement peu banale car elle est libre …d’exécution. Dès l’instant où elle aura décroché, elle parlera debout, assise, de dos ou face à la salle, de profil, qui sait, à genoux, ou pourquoi pas allongée sur le sol. Marchera-t-elle sans arrêt ? Tordra-t-elle le fil, s’il y a fil ?? On ne peut épiloguer davantage puisqu’on ne sait pas, à cet instant, quels sont les éléments de décor qui permettent tant de variantes possibles. On ne peut que s’appuyer sur la version originale et penser qu’il vaut mieux une scène avec un téléphone des années 50 qu’un i-phone !! Pour savoir ce qui, du lit tombe à la fin par terre, s’il y a un lit, nous devrons attendre le 27 février.
Christophe Manien est réputé comme pianiste accompagnateur. Il a toutes les qualités d’un chef de chant et même au-delà, considéré par certains chanteurs et chanteuses comme un véritable coach vocal.
![Christophe Manien © Pauline Vervisch](https://blog.culture31.com/wp-content/uploads/2025/02/christophe-manien-pauline-vervisch.jpg)
Christophe Manien © Pauline Vervisch
William Shelton en récital au Théâtre du Capitole
C’est pour les Midis du Capitole que le contreténor a accepté d’assurer le remplacement de la contralto prévue Rose Naggar-Tremblay, celle-ci ayant elle-même accepté de passer du rôle de Cornélie à celui de César pour la production de Jules César en Egypte en cette fin février au Théâtre du Capitole. Lui-même est présent dans le rôle de Nireno, suivante et confidente de Cléopâtre.
Pour ce récital, le canadien de Montréal Julien Leblanc l’accompagne au piano dans des mélodies fin XIXè et XXè et pour clore Haendel et Cavalli.
![William Shelton © Liza Miri](https://blog.culture31.com/wp-content/uploads/2025/02/william-shelton-liza-miri.jpg)
William Shelton © Liza Miri
William Shelton est un contre-ténor franco-britannique. Après avoir obtenu des diplômes en orgue, cor et chant aux conservatoires de Besançon et Dijon, il s’installe à Paris en 2015 et s’établit progressivement dans des ensembles français tels que Les Cris de Paris, La Compagnie La Tempête, Les Arts Florissants, Pygmalion, La Fenice, l’ensemble Alia Mens, l’Ensemble Correspondances, les Musiciens de Saint-Julien, Les Voix Animées, mais aussi à l’étranger chez Vox Luminis, le Collegium Vocale Gent, Scherzi Musicali, le Balthasar Neumann Ensemble & Chor, La Cetra, La Capella Reial de Cataluña et Gli Angeli.
Il fait partie de la première promotion du programme Jeunes Talents de l’Académie Philippe Jaroussky. Lauréat de nombreux prix prestigieux (Concours Cesti à Innsbruck, Concours de chant baroque et sacré de Froville, World Bach Competition de Boulder, Prix de l’Opéra Grand Avignon et du Concours International de Mélodie de Gordes), il chante déjà sous la direction de William Christie, Raphaël Pichon, Sebastien Daucé, Geoffroy Jourdain ou Thomas Hengelbrock.
Au cours de son parcours, il a eu la chance de bénéficier des conseils de Hans Jörg Mammel, Jan Kobow, Michel Laplénie, Isabelle Druet, entre autres. Entre septembre 2021 et 2024, William fut artiste en résidence à la Chapelle Musicale Reine Élisabeth, et se perfectionna auprès de Sophie Koch et José Van Dam.
Il marqua fort les esprits, vocalement et théâtralement parlant, dans son rôle de Wolfgang Göbst dans Voyage d’automne au Capitole en novembre 2024.