Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Douze Hommes en colère de Sidney Lumet
Si Douze Hommes en colère, sorti en 1957, n’est pas le premier « film de procès », il en demeure la référence absolue tant par la qualité de son interprétation, du scénario et de la mise en scène. Cette première réalisation de Sidney Lumet, venu de la télévision comme beaucoup de metteurs en scène américains de sa génération (William Friedkin, John Frankenheimer, Franklin J. Schaffner…), marqua le début d’une brillante et prolifique carrière abondant en œuvres marquantes : La Colline des hommes perdus, Le Gang Anderson, The Offence, Serpico, Un après-midi de chien, Network, Le Prince de New York, Le Verdict… Jusqu’au bout, Lumet fut l’un de ces brillants artisans au cœur de l’industrie hollywoodienne, un cinéaste aguerri se frottant à tous les genres et dont même les réalisations moins abouties méritent le détour. Son coup d’essai reste toutefois son film le plus célèbre et Henry Fonda signe là l’un de ses rôles les plus marquants.
A New York, les douze membres d’un jury populaire doivent délibérer sur le sort d’un jeune homme de dix-huit ans accusé de parricide et risquant la chaise électrique. Tout semble accabler le présumé coupable, mais l’unanimité est la règle afin de rendre le verdict. Or, l’un des membres du jury refuse de voter en faveur de la culpabilité, plaidant pour le doute légitime. Peu à peu, il va influencer les autres jurés…
Idéalisme
Filmé quasi entièrement en huis clos, Douze Hommes en colère – dont le scénario de Reginald Rose fut d’abord adapté à la télévision puis au théâtre – se met au service de la puissance dramatique de son intrigue, mais ne se contente pas d’être un exercice de « théâtre filmé ». Subtilement, sans effets superflus, Lumet utilise profondeur de champ, cadrage, montage, pour plonger le spectateur au cœur d’un drame psychologique embrassant les préjugés, les origines, les convictions de personnages révélant leur complexité. Comme il le fera souvent par la suite, Lumet filme des êtres confrontés aux institutions, aux corps constitués, aux organisations sociales.
De fait, son œuvre balancera entre idéalisme et pessimisme foncier, croyance forcenée en la démocratie et désillusion face aux injustices. Douze Hommes en colère appartient à sa veine idéaliste et aux côtés d’Henry Fonda – figure cinématographique emblématique d’une Amérique attachée aux idéaux de liberté – on retrouve des seconds rôles épatants (Lee J. Cobb, Jack Warden, Martin Balsam, Ed Begley…) contribuant à la réussite de l’ensemble.
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