Véritable joyau de l’art gothique languedocien, le Cloître des Jacobins, situé en plein centre de Toulouse, accueille la quarante-cinquième édition de cette prestigieuse manifestation internationale placée sous le signe de la découverte musicale. Seize soirées s’échelonnent ainsi du 5 au 30 septembre, toutes à 20h, à l’exception du récital d’Omri Mor à 21h, dans la Salle capitulaire du Cloître des Jacobins.
On ne présente plus ce Festival qui, depuis bientôt quarante-cinq ans, fait vibrer les pierres presque millénaires du Cloître. Une programmation de haut niveau, des musiciens de notoriété internationale, de jeunes talents passionnants, un environnement architectural et acoustique exceptionnel… tout cela contribue à en faire un événement unique du paysage musical toulousain, qui rayonne bien au-delà de la région Occitanie. Une aura internationale qui attire un public d’une grande fidélité.
La qualité de la programmation ne faillit pas grâce aux bons soins des fondateurs à savoir Catherine d’Argoubet et Paul-Arnaud Péjouan. Le public sait qu’il peut retrouver certains pianistes renommés, mais aussi découvrir des talents nouveaux au clavier ainsi que des œuvres méconnues.
L’ouverture du Festival le jeudi 5 est dévolue à une jeune pianiste américaine couronnée de prix internationaux, Rachel Breen. Elle n’a véritablement commencé le piano qu’à dix ans. Son programme est audacieux! Elle le termine avec la dernière Sonate de Beethoven après avoir interprété Mozart, Chopin, Berio, Moussorgski, et Schœnberg. Ce concert est diffusé en direct sur France Musique dans l’émission « Le concert du soir ». Il sera ensuite disponible en streaming sur le site de France Musique et l’appli Radio France à l’adresse suivante : France Musique.
Le lendemain vendredi 6, le Cloître accueillera Philippe Bianconi. Le pianiste français est une figure parmi les plus fidèles du Festival, bien connu pour ses interprétations de la musique française, Ravel et Debussy pour ne citer que ces deux compositeurs. Un programme conséquent avec Saint-Saëns, Fauré, Liszt et Ravel dont ses Jeux d’eau et Miroirs !
Notons que le vendredi 20, Jean-Sébastien Bach constitue tout le programme du jeune pianiste finno-cubain Anton Mejias avec Le Clavier bien tempéré Livre II, BWV870-893.
Le vendredi 27, la figure tutélaire du piano espagnol Joaquín Achúcarro, effectuera un voyage introspectif intitulé « Mes chers amis de voyage » dans lequel nous retrouverons Debussy, Ravel ou encore Chopin. S’il est des aînés que l’on découvre à Piano aux Jacobins, la curiosité envers les interprètes de la jeune génération est aussi l’une des priorités du Festival. Et l’édition 2024 est plus que jamais exemplaire de cette orientation avec la présence d’Arielle Beck. Jeune fille très déterminée, décidée à jouer du piano à quatre ans, classée virtuose à dix ans, elle sait que sa vie se passera devant un clavier. Le programme que la jeune artiste présentera le jeudi 12 nous laisse coi.
Si vous êtes grand amateur de Frédéric Chopin, et plus particulièrement de sa Sonate n°3 op. 58, vous pourrez en apprécier deux exécutions, soit le mardi 17 par Vadym Kholodenko, soit quelques jours plus tard, le jeudi 26 par Isata Kanneh-Mason. Les deux artistes nous offrent des programmes impressionnants. Le premier, artiste ukrainien nourri de la grande tradition russe et vainqueur du prestigieux concours Van Cliburn en 2013, fascine par la richesse et la force d’un imaginaire qui renouvelle l’approche des opus les plus célèbres tout en proposant des pages plus rares en concert de Byrd ou Saariaho. Il est présent ici pour la troisième fois. Pour Isata, c’est une première. Elle vient avec un programme très diversifié dans lequel on remarque des pages de Clara Schumann et Sofia Goubaïdoulina. Anecdotique mais toutefois assez remarquable, la famille Kanneh-Mason est originaire de Nottingham et doit sa réputation au violoncelliste prodige Sheku Kanneh-Mason.
Les soirées dites classiques sont maintenant régulièrement pimentées de musique jazz. Cette cuvée nous amène Omri Mor le samedi 7, pianiste classique au départ. C’est un CD intitulé It’s about time qui l’a propulsé sur le devant de la scène. Féru de musiques latines, arabo-andalouses diverses, fasciné par le son du oud, son jeu impressionne au point que son clavier est qualifié de polyphonique et polyrythmique.
Samedi 28 c’est un autre pianiste lui aussi israélien, Tom Oren, couronné à 24 ans par le prestigieux 1er Prix du Concours Thelonious Monk de Washington, que vous pourrez découvrir. Il est aussi compositeur, arrangeur et chef d’orchestre. Enfin, le samedi 14, Karla Martínez complète ce trio de pianistes réputés dans le domaine du jazz. D’origine cubaine, elle bâtit un programme en s’appuyant sur ses racines et se joue des déclinaisons contemporaines. « J’ai commencé à repenser l’impact que le fait de grandir en écoutant des compositeurs et des artistes cubains a eu sur moi et comment cette malle musicale que j’ai ramenée de chez moi a modifié ma perception de toute la musique » , explique-t-elle. On a pu lire sur ses compositions : « Si quelque chose est commun, c’est Cuba, c’est la musique – Le mélange est également courant. Dans les conservatoires de l’île, les nocturnes de Chopin, les tumbaos de Formell, les préludes de Bach, les standards de jazz et les touches batá sont joués à parts égales. »
C’est en 1983 que Christian Zacharias répondait pour la première fois présent au Festival tout en déroulant une carrière prestigieuse de pianiste qui s’oriente de plus en plus vers celle de chef d’orchestre. Aussi, profitons de cette date du mardi 10 septembre qui risque d’être un des derniers moments où nous pourrons l’applaudir en tant que soliste dans un magnifique programme à découvrir. Le jeudi 19, vous vous plongerez dans un programme tout à fait original et inattendu du pianiste bosniaque Pedja Muzijevic, une sorte de récital-mosaïque, comme une compilation de chansons enregistrées. Le programme du concert intitulé « Hommage à Mixtape » ne vous en dit pas plus. En un mot, c’est plus que du piano.
Le Festival est devenu très rapidement international de réputation. Les musiciens viennent de tous horizons : français, ukrainien, russe, américain, britannique, israélien, espagnol et japonais comme ce jeune homme de 25 ans, Mao Fujita, mis à l’honneur le mercredi 11. Ayant commencé le piano à 3 ans, auréolé de sa victoire au Concours Clara Haskil en 2017 à 19 ans, avec à son actif déjà une intégrale des Sonates de Mozart, capable à 20 ans de mettre dans un concert la Sonate n°7 de Prokofiev, il se présente ici avec un programme plus que conséquent allant de Mozart à Scriabine en passant par Beethoven, Liszt avec une pointe de Yashiro.
Enfin, n’oublions pas le vendredi 13, Nathanaël Gouin, le mercredi 25, le québécois Marc-André Hamelin et pour clore le Festival le lundi 30, Beatrice Rana, tous trois déjà venus au Cloître des Jacobins. Le premier adore Georges Bizet, d’où la présence d’inédits du compositeur de Carmen. Sans oublier le fabuleux opus de Chopin avec ses quatre Scherzi. Le second est un inconditionnel de Rachmaninoff dont il interprètera deux monuments pianistiques, une Étude-Tableau op. 39 n°5 suivie de la Sonate n°2 op. 36. On le remercie aussi d’avoir inclus des pages confidentielles pour pianiste confirmé d’un certain Nikolaï Medtner. La troisième fera la part belle à Ravel avec Gaspard de la nuit et La Valse…. des partitions d’une extrême difficulté……
Ainsi, grâce à ce Festival qui occupe tout le mois de septembre, la rentrée paraîtra plus douce à tous celles et ceux qui veulent partager de superbes moments de musique, oublier les premiers soucis de l’automne, faire le plein d’émotions auditives mais aussi visuelles. Et, sans restriction, car jeunes et étudiants entre autres bénéficient de conditions tarifaires très privilégiées qui ne peuvent que les encourager à partager.
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