Grâce au Cycle Grands Interprètes, le mardi 21 mai, à la Halle aux grains à 20h, le Scottish Chamber orchestra nous revient. Il est dirigé par Maxim Emelyanychev. Deux œuvres de Felix Mendelssohn-Bartholdy au programme : l’Ouverture Les Hébrides et la Symphonie n° 3 “Écossaise“. Entre, LE Concerto pour violon et orchestre de Beethoven avec pour soliste Alina Ibragimova.
Quelques mots sur les artistes de ce concert :
Le Scottish Chamber Orchestra (SCO), de renommée mondiale, est composé d’une collection unique de musiciens talentueux qui inspirent et touchent des personnes de tous âges. Le SCO s’efforce de donner au plus grand nombre d’occasions possible d’entendre sa musique en effectuant des tournées dans toute l’Écosse et dans le monde entier, en tant que fier ambassadeur de l’excellence culturelle écossaise. Les collaborations récentes avec Askonas Holt comprennent une tournée asiatique en 2014 et plusieurs tournées européennes, dont la plus récente en février 2017, ainsi qu’une tournée en Inde en 2009.
Avec le chef principal Robin Ticciati, l’orchestre a publié quatre enregistrements, la Symphonie fantastique de Berlioz(2012), Les nuits d’été et La mort de Cléopâtre de Berlioz (2013), Siegfried Idyll de Wagner (2014) et les Symphonies de Schumann. Leur discographie complète compte plus de 150 enregistrements. L’orchestre entretient des relations étroites avec de nombreux compositeurs de premier plan et a commandé plus de 100 nouvelles œuvres, dont des pièces de Sir Peter Maxwell Davies, compositeur lauréat, et de Martin Suckling, compositeur associé du SCO.
Né en 1988, Maxim Emelyanychev a fait ses études à Nijni Novgorod et au Conservatoire d’État Tchaïkovski de Moscou, où il a étudié la direction d’orchestre avec Gennady Rozhdestvensky et le piano et le clavecin avec Maria Uspenskaya.
Il a fait ses débuts de chef d’orchestre à l’âge de douze ans et, en 2013, il est devenu chef principal de l’orchestre de chambre des solistes de Nizhny-Novgorod et chef principal de l’orchestre Il Pomo d’Oro. Il a été nommé chef principal de l’Orchestre de chambre écossais en 2019 et s’est produit aux BBC Proms, au Festival international d’Édimbourg, ainsi qu’à travers l’Europe et les États-Unis.
Outre ses nombreuses productions avec Il Pomo d’Oro, ses engagements à l’opéra comprennent Don Giovanni à Séville, Die Enführung aus Serailin à Zurich, Rinaldo à Glyndebourne, Agrippin pour le Royal Opera, La Clemenza di Titoin à Genève et Le nozze di Figaro à Toulouse. D’autre part, il est sollicité par nombre de prestigieuses phalanges pour les saisons à venir.
En 2022/23, il prévoit de débuter avec le Berliner Philharmoniker et de se produire avec les orchestres philharmoniques tchèque, du Nouveau Japon, de Bergen, de Rotterdam et de Munich.
Dernière venue : 8 juin 2023
Alina joue sur un violon Anselmo Bellosio de 1775 gracieusement mis à sa disposition par Georg von Opel. Interprète du répertoire traditionnel mais aussi de la musique baroque et de nouvelles commandes sur des instruments modernes et d’époque, Alina Ibragimova est reconnue pour « l’immédiateté et l’honnêteté » (The Guardian) de ses interprétations. Au cours de la saison, Alina jouera des concertos de Jörg Widmann, Bartók, Prokofiev et Mendelssohn avec l’Orchestre du festival de Budapest, l’Orchestre symphonique de Pittsburgh, l’Orchestre symphonique de San Francisco, l’Orchestre philharmonique de Londres, l’Orchestre philharmonique d’Helsinki et l’Orchestre philharmonique de Dresde. Elle entame également un cycle Mozart de deux ans avec le Kammerorchester Basel. Elle a déjà été solistes des orchestres parmi les plus prestigieux et collaboré avec Vladimir Jurowski, Sir John Elliot Gardner, Jakob Hrůša, Maxim Emelyanychev, Robin Ticciati,
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En récital, elle se produit régulièrement au Wigmore Hall et au Southbank Centre de Londres, au Concertgebouw d’Amsterdam, à la Pierre Boulez Saal de Berlin, à l’Elbphilharmonie de Hambourg et au Royal Albert Hall, où elle a interprété les Sonates et Partitas pour violon seul de Bach lors des BBC Proms.
L’œuvre fut créée le 3 mars 1842 au Gewandhaus de Leipzig, sous la direction du compositeur.
Elle est dédiée à la toute jeune reine Victoria d’Angleterre.
Effectif orchestral : les bois sont par deux ; quatre cors et deux trompettes ; timbales ; le quintette à cordes.
Cette symphonie ne portait pas de titre quand son auteur la dirigea pour la première fois, ni quand elle fut publiée.
Au sujet du problème du discours sur la musique en général : « Ce qu’exprime la musique n’est pas trop imprécis pour le retranscrire dans le discours, mais bien trop précis. » Felix Mendelssohn-Bartholdy.
Après Berlin, Mendelssohn part pour Londres diriger un concert courant été 1829. Puis, accompagné d’un ami, Karl Klingermann, diplomate, il prend la route pour un pays qui, contrairement à l’Italie et à la région méditerranéenne, véhiculait alors la nostalgie de beaucoup de romantiques, l’Ecosse. La rencontre avec la nature, les highlands, cascades et landes, et surtout la mer et ses brumes, mais également les mythes nordiques, va inspirer notre compositeur. Depuis l’arrivée du fameux Sturm und Drang, ces mythes nordiques avaient été évoqués par les poésies apocryphes et pourtant très appréciées du légendaire barde écossais Ossian. En fait, il s’agissait de faux, ni plus ni moins géniaux, que l’écossais James Macpherson fit paraître en 1760.
C’est ici que Mendelssohn conçut l’ébauche de son Ouverture Les Hébrides, comme il l’écrivit avec enthousiasme, le 30 septembre 1829, après avoir visité l’ancien château des Stuart à Holyrood : « Tandis que le soir tombait, nous sommes allés au palais (Holyrood) où la reine Marie a autrefois vécu et aimé (…). La chapelle voisine n’a plus de toit et est envahie par l’herbe et le lierre, et c’est à cet autel en ruine que Marie fut couronnée reine d’Ecosse. Tout est délabré, décomposé, et le ciel radieux éclaire l’intérieur. Je crois que j’y ai trouvé le début de ma symphonie écossaise. »
Il faudra encore du temps avant que, après avoir jeté ses premières notes, le compositeur, très autocritique et remaniant sans cesse, ne termine sa partition en 1842. Malgré cette longue genèse, le résultat donne l’impression d’un jet unique. Par un travail rigoureux, fondé sur les différents thèmes et motifs mais également par les transitions sans relâche entre les mouvements, l’œuvre acquiert toute sa formidable densité.
Une autre particularité de cette musique, c’est l’utilisation des instruments. Mendelssohn est très loin des sons que pouvaient rechercher un Schumann, ou un Liszt, ou un Berlioz. Il préfère traiter l’orchestre plus « proprement », tout en douceur et sans accroc, ce qui ne veut pas dire fade ou sans contour. Bien au contraire, la légèreté et l’élégance qui marquent, par exemple, l’ensemble du deuxième mouvement, le vivace non troppo (scherzo) lui confèrent un ton de raffinement : vibratos rapides, trémolos des cordes, souplesse de la mélodie, accords brisés sur des intervalles éloignés, sons scintillants, le tout couronné par quelques touches de « romantisme féerique ». On a l’impression que cette musique n’effleure pas même le sol mais qu’elle plane dans les airs.
La touche écossaise la plus caractéristique est bien le thème principal de ce scherzo introduit par la première clarinette imitant la cornemuse. C’est un air de danse en style de quadrille écossais.
À côté de cela, il y a aussi le ton mélancolique et grave qui parcourt le troisième mouvement, l’adagio cantabile. D’abord le chant élégiaque des pizzicati, ensuite la marche funèbre aux notes pointées et aux roulements de timbales, le tout se réunissant finalement pour se laisser mourir, telle une procession disparaissant au loin. Quelques accents menaçants auront préfiguré les sonorités pleines de vigueur et guerrières du finale.
L’allegro guerriero est bien une sorte de chevauchée fantastique dans laquelle se retrouve le Mendelssohn nocturne et magique, tandis que pour finir l’orchestre entonne un hymne d’action de grâce en la majeur couronnant le drame symphonique d’une auréole victorieuse.
Le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 61 de Ludwig van Beethoven est en trois mouvements, soit Allegro ma non troppo, puis Larghetto et enfin Rondo, allegro et approche les 45 minutes. Il fut composé en fin d’année1806 et créé le 23 décembre 1806 par un certain Franz Joseph Clement, le dédicataire étant Stephan von Breuning, membre d’une famille très amie de Ludwig et soutien manifeste. Il est souvent qualifié de concerto des concertos pour violon, et même d’irremplaçable, unique par les habitués de l’archet qui le tiennent pour le plus parfait de tout le répertoire. Il aurait été composé durant une période faste pour le compositeur alors qu’il vient d’avoir la certitude que sa surdité est irrémédiable. Mais il y aurait eu des fiançailles secrètes avec Thérèse de Brunswick. C’est une “œuvre chaleureuse, pure de toute virtuosité gratuite“ dit-on. Pas de signe de lutte intérieure, de tragédie, de souffrance. « la mélodie se répand avec une sérénité divine…envahie de la pure harmonie de ré majeur ». Peut-être mal préparé, ce concerto n’aurait plus été donné du vivant de son compositeur. La gloire viendra bien plus tard.