Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Le Mépris de Jean-Luc Godard
Voici un classique absolu dont chaque élément – de la musique sublime de Georges Delerue aux décors (la villa Malaparte à Capri, les studios de Cinecittà…) en passant par le casting ou le générique d’ouverture avec la voix de Jean-Luc Godard – est entré dans l’histoire. Librement adapté d’un roman d’Alberto Moravia, Le Mépris met en scène un scénariste français embauché par un producteur américain afin de participer en Italie au tournage de L’Odyssée par Fritz Lang. Délaissée par son mari, Camille, l’épouse du scénariste, va se tourner vers le producteur…
Au-delà de la problématique assez convenue sur la désagrégation d’un couple et la fameuse « incommunicabilité », Le Mépris est d’abord une œuvre sur le cinéma et la création. Homère, Fritz Lang dans son propre rôle, Hollywood et Cinecittà, l’art et l’industrie : Godard jongle avec les représentations et les figures tutélaires. Après son coup d’essai et coup de maître A bout de souffle, il signe en 1963 ce poème parsemé de plans d’une beauté stupéfiante.
Un monde accordé à nos désirs
Outre Lang, Michel Piccoli et Jack Palance, il y a évidemment Brigitte Bardot. Révélée par Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim en 1956, « BB » tient là l’un des rôles féminins les plus inoubliables de l’histoire du cinéma. Godard créa Bardot et Bardot créa Le Mépris. Blonde ou brune, candide ou séductrice : son charisme incroyable et sa beauté illuminent l’écran. L’actrice met le septième art sous son emprise. Plus rien ne sera comme avant. Les producteurs américains veulent des scènes de nue. Godard doit accepter, mais détourne l’injonction.
Il masque la nudité de Bardot avec des filtres rouges, blancs et bleus et signe des répliques cultes (« Tu les trouves jolies mes fesses ? »). Le double fictionnel du cinéaste – le scénariste Javal interprété par Piccoli – lâche une déclaration (« Je t’aime totalement, tendrement, tragiquement. ») qui s’adresse autant à sa femme qu’au cinéma. Ce cinéma dans lequel Godard voyait « un monde qui s’accorde à nos désirs ». Chose faite magistralement avec Le Mépris.
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