Nina Bouraoui publie Grand seigneur aux Editions J.C Lattès. Un portrait intime et bouleversant.
Tous les jours le même trajet, celui vers le service des soins palliatifs de Jeanne Garnier. La narratrice y retrouve son père, affaiblie et mourant. Autour de la figure tutélaire du paternel se retrouvent les femmes de sa vie. L’épouse et les deux filles. Chacune captant l’attention de celui qui bientôt ne sera plus. Comment affronter la disparition d’un père ? Telle est la question que pose la narratrice. Et pas n’importe quel père, le sien, le modèle de son enfance.
Mon père, ce héros
La narratrice se rappelle. L’homme pudique et admiré. Un père toujours en mouvement, impatient et engagé dans tout ce qu’il entreprend. Surtout pour son pays, l’Algérie. Avec lui, disparaîtra l’héritage de l’enfance, des premières années dans le pays qu’il a fallu quitter. Mais aussi les souvenirs d’une enfance heureuse et craintive devant ce paternel qui impose le respect. Celui dont on espère une parole fière. Alors imaginer une telle perte est impossible.
La narratrice se promène dans Paris, se remémore les lieux et les époques disparus pour tenir le coup face à l’indicible. Et quand la douleur est trop grande, elle peut compter sur l’Amie et les bras de A. Ou encore sur d’autres visiteurs de l’hôpital qui vivent la même épreuve qu’elle.
Avec la force et le talent qu’on lui connait, Nina Bouraoui signe un texte puissant. Chacun de ses mots se drape d’une texture à la fois douce, sensuelle et féroce. Merveilleuse prouesse d’équilibriste pour raconter ce récit sans jamais trébucher et en restant sincère et digne. Un immense coup de cœur.
Nina Bouraoui, Grand seigneur, J.C Lattès.