Michal Ben Naftali publie Ne vois-tu pas que je brûle? aux éditions Actes Sud. Une rencontre entre fascination et emprise.
Ana est une jeune étudiante. Elle vient de s’installer à Jérusalem dans une maison particulière. La présence des anciens propriétaires semblent toujours prégnante. Et surtout celle de la fille, Liora, qui a abandonné dans une pièce toutes sortes de cartons. Ana ressent beaucoup d’étrangeté dans ce lieu, mais elle ne dit rien à son compagnon Yohann. Elle tente – autant que possible – de poursuivre son sujet de thèse. Le thème : la chasse aux sorcières, bien au-delà du Moyen âge. Ana invente un personnage fictif pour suivre le sort de ses femmes mises au ban de la société. Et, la réalité se mêlant à la fiction, Ana va bientôt rencontrer Liora, femme moderne mais également très intrigante.
Jusqu’à l’embrasement
Liora, la cinquantaine, est mystérieuse et indépendante. Elle assiste en auditeur libre aux cours universitaires. Lieu de la rencontre entre elle et Ana. Elles se présentent, se parlent longuement et ne vont presque plus se quitter. Ana est fascinée par Liora, intelligente, engagée, mais aussi très affaiblie. Liora parle du glaucome qui, progressivement, lui fait perdre la vue. Elle propose à Ana de venir chez elle pour lui faire la lecture. Ana accepte, les lectures se prolongent en discussions, puis Ana s’installe dans le bureau pour travailler sa thèse. Un lien étrange se crée, presque un ensorcellement. Ce qui, précisément, inquiète et agace Yohann. Il déteste l’emprise de Liora sur celle qu’il aime. Et pourtant Ana n’y peut rien ou presque.
Michal Ben Naftali interroge les limites. Celles que l’on se donne, celles que l’on dépasse. Elle réussit également avec une économie de mots épatante à rendre palpables toutes les émotions, tous les tremblements des personnages. A commencer par Ana. En quelques pages, le lecteur est pris dans un tourbillon à la fois poétique et interrogateur. Un beau récit hypnotique.
Michal Ben Naftali, Ne vois-tu pas que je brûle ? Actes Sus, 144 p.