Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
La Dame de Shanghai d’Orson Welles
Dans le quatrième long-métrage réalisé en 1946 (il ne sortit sur les écrans que deux ans plus tard) par l’auteur de Citizen Kane et de La Splendeur des Amberson, l’intrigue n’a que peu d’importance et relève des codes les plus éculés du film noir (meurtre, femme fatale, manipulation). L’essentiel est évidemment dans la mise en scène du génial cinéaste dont chaque plan ou presque donne une sensation de nouveauté, jusqu’à Rita Hayworth troquant ici la flamboyante rousseur de Gilda pour des cheveux courts blond platine… De l’utilisation de la voix off à celle de la contre-plongée en passant par les gros plans ou le noir et blanc somptueux (œuvre de trois chef-opérateurs différents dont le grand Rudolph Maté), tout est sublime.
Il s’agit de l’un des plus grands films d’Orson Welles et par là même de l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma. La Dame de Shanghai ce sont encore des scènes mythiques comme celles de l’aquarium, de la dégringolade dans le toboggan du parc d’attractions et, bien sûr, celle de la galerie des miroirs brisés par des coups de feu.
Film mutilé
Réalisateur, scénariste (d’après un roman qu’il prétendait n’avoir pas lu), acteur : Welles était au sommet de son art et savait que longtemps après lui les images de ce chef-d’œuvre indémodable se perpétueraient. Œuvre noire et baroque, grinçante, parfois à la limite du conte ou de l’onirisme, La Dame de Shanghai est une merveille de bout en bout et l’on peine à croire qu’il fut mutilé et remonté par les producteurs (comme la plupart des films de Welles). Cuisant échec financier, le film marqua aussi la fin du couple formé par Orson Welles et Rita Hayworth qui divorcèrent durant le tournage.
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