La série des Clefs de Saint-Pierre, née en 2000, illustre le désir des musiciens de l’Orchestre national du Capitole de s’investir dans la pratique de la musique de chambre. Le premier des concerts de cette saison 2023-2024, le lundi 6 novembre à l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines, réunit deux compositeurs essentiels de toute l’histoire de la musique, Mozart et Beethoven, qui ont fait de Vienne la patrie de la musique.
Le programme de cette soirée intitulée « Quintettes en miroirs » réunit cinq musiciens de l’Orchestre national du Capitole en duo ou en quintette, évoquant de petites confidences entre grands maîtres. Le Quintette pour piano et vents en mi bémol majeur K 452 de Wolfgang Amadeus Mozart semble jouer ce soir-là le rôle de modèle pour les œuvres de Beethoven qui l’encadrent. Il a été composé le 30 mars 1784 par un jeune homme de 28 ans (la pleine maturité pour celui qui a écrit sa première symphonie à l’âge de huit ans !) et créé deux jours plus tard à Vienne. Il est conçu pour piano, hautbois, clarinette en si bémol, cor en mi bémol et basson. A son sujet, Wolfgang écrit à son père : « Moi-même, je le tiens pour ce que j’ai encore fait de mieux dans ma vie. » L’instrumentation apparemment hors du commun de ce quintette est en fait un effectif déjà pratiqué par Mozart, ayant composé près de dix Divertimenti faisant appel aux mêmes instruments (chacun étant doublé).
Cette partition fondamentale est entourée d’œuvres de jeunesse de Ludwig van Beethoven. Sa Sonate en ré majeur pour clavier (clavecin ou piano) à quatre mains opus 6 ouvrira le concert. Elle fut sans doute composée par Beethoven pour ses élèves en 1796 ou début 1797. Elle fut publiée en 1797 par Artaria à Vienne. On peut remarquer que l’Allegro commence avec un rythme qui s’apparente au premier mouvement de la Cinquième symphonie.
Un extrait des Trois Duos WoO 27 pour clarinette et basson, suivra l’exécution du Quintette de Mozart. Cette autre œuvre de jeunesse appartient à la première période créatrice de Beethoven. Par leur caractère enjoué, le jeu subtil des timbres, ces duos comptent depuis toujours au nombre des morceaux de bravoure de la musique de chambre pour instruments à vent.
Joué en « miroir » avec le Quintette de Mozart, le Quintette pour piano et vents en mi bémol majeur op. 16 de Beethoven conclura le concert. On remarque immédiatement que cette pièce majeure adopte la même tonalité et la même formation instrumentale que le quintette K 452 de Mozart. Dans cette œuvre en trois grands mouvements, le jeune Beethoven « reproduit les formes de Mozart » comme le note Patrick Szersnovicz, dans « Le Monde de la musique ».
Les cinq musiciens qui joueront ce 6 novembre sont : Louis Seguin, hautbois, Floriane Tardy, clarinette, Estelle Richard, basson, François Lugue, cor et piano, Jean-Sébastien Borsarello, piano.
Un beau programme en perspective !
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse