« Royal Affair », un film de Nikolaj Arcel
Et voilà la petite perle à ne pas laisser passer. Sorti discrètement le 21 novembre 2012, le film de Nikolaj Arcel est pourtant l’un de ces bijoux du cinéma dont on ne se lasse pas. C’est un film d’époque, somptueusement réalisé, et dont le scénario signé de Nikolaj Arcel a reçu l’Ours d’argent à la Berlinale 2012. Fin du 18ème siècle, au Danemark. Christian VII, dont il se murmure qu’il est fou, ne règne qu’en apparence. Les contingences politiques lui livrent comme épouse la toute jeune britannique Caroline Mathilde. Le devoir de procréation accompli, le roi reprend le chemin des lupanars et délaisse sa jeune épouse. C’est à ce moment-là que le Cabinet du Roi décide de lui adjoindre un médecin allemand, Johann Friedrich Struensee, fils d’un pasteur célèbre pour sa grande rigueur. Erreur de casting, Johann appartient déjà au Siècle des Lumières, lit Rousseau et Voltaire, écrit lui-même des pamphlets sur la noblesse et le clergé. Il va devenir l’ami du Roi et l’influencer au point de devenir lui-même le Régent en fonction du Royaume, faisant promulguer de nombreuses lois en faveur des classes paysannes et ouvrières, abolissant la censure, la torture, etc. L’Eglise et les riches du Danemark n’auront plus alors qu’une idée en tête : s’en débarrasser. Johann va leur offrir une occasion en or en devenant l’amant de Caroline Mathilde et en lui faisant un enfant. Un temps sorti de la préhistoire, le Danemark replongera alors dans l’obscurantisme. Rien n’est plus vrai que tout cela. Et c’est passionnant. Merveilleusement interprété par des acteurs magnifiques, au premier rang desquels Mads Mikkelsen (Johann) et Mikkel Boe Folsgaard (Christian VII) qui reçut d’ailleurs l’Ours d’Argent d’interprétation pour ce rôle lors de la Berlinale 2012, voilà un film brillantissime parlant de l’intime et du collectif, de l’estime et de la manipulation, un film d’une incroyable sensualité.
Robert Pénavayre
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