Le Jeune imam, un film de Kim Chapiron
Inspiré de faits réels, le scénario du dernier opus de Kim Chapiron nous met dans les pas d’un jeune imam décidé à faire accomplir le Pèlerinage à la Mecque au plus grand nombre de musulmans français. Mais pour cela, jusqu’où peut-il aller ?
L’imam, dans la religion musulmane, est l’autorité religieuse qui tient le rôle du chef de la prière du vendredi dans les mosquées.
Pour le jeune Ali, l’affaire semble mal tourner car, dans cette banlieue parisienne où il habite avec sa mère, il ne sait pas trop quoi faire de ses dix doigts si ce ne sont des bêtises. Voler par exemple. Pris en flagrant délit, Ali est reconduit derechef par sa maman et sans ménagement dans le village natal de la famille, au Mali. Il a 14 ans et se voit confié à la tutelle d’un brave homme qui va en faire un fervent adepte et fin connaisseur du Coran. Devenu majeur, Ali retourne dans sa cité parisienne. Son évolution religieuse va rapidement le différencier des autres jeunes à tel point que l’imam local, âgé, se voit dans l’obligation de lui laisser la place. Une place qu’Ali occupe avec ferveur et attention. Respecté de toute la communauté, il réunit de plus en plus de fidèles grâce en particulier aux réseaux sociaux. Mais, nous le savons, chaque musulman se doit, s’il le peut, accomplir une fois dans sa vie le pèlerinage à la Mecque. Pour la plupart, c’est en fait engloutir les économies d’une vie car ce voyage coûte aujourd’hui autour de 8000€. De plus, et en accord entre la France et l’Arabie Saoudite, il n’est délivré que peu de visas pour cette occasion. Alors que la France compte 6 millions de musulmans, il n’est accordé que 25 000 à 28 000 visas par pèlerinage. Ce qui doit arriver dans de pareilles situations… Des réseaux mafieux se chargent de procurer, moyennant espèces trébuchantes et sonnantes, de faux visas que les polices aéroportuaires ne savent pas en principe déceler. Tout à sa mission, Ali prend contact avec des facilitateurs. Le premier voyage se passe au mieux et surtout à la barbe de la police. Le second dérape. Et voilà Ali soupçonné d’avoir détourné l’argent confié par les fidèles.
Sous forme d’un vrai thriller, le dernier opus de Kim Chapiron pourrait se dupliquer avec un jeune rabbin ou un jeune prêtre. Le sujet n’est pas là en fait. Ce que traite le scénario, outre un hommage aux racines de chacun d’entre nous, c’est le merveilleux pouvoir de la fougue de la jeunesse, un hymne à cette envie de faire quelque chose, quitte à se prendre les pieds dans le tapis.
Quitte aussi à méditer cette interrogation que pose le vieil imam à son successeur : « Interroge ton intention ». Une phrase qui relance complétement l’approche trop factuelle que l’on peut avoir du film.
Un film virtuose qui met en lumière le rôle de l’imam dans une communauté mais qui également nous présente dans un premier rôle Abdulah Sissoko, un jeune comédien d’un éclatant charisme. Soulignons, au travers d’une distribution épatante de vérité, la présence d’Hady Berthe, la maman d’Ali, une femme de décision, fulgurante, courageuse et devant laquelle tous s’inclineront.