Maria João Pires retrouve enfin le chemin de la Halle aux Grains toulousaine. Le 17 avril prochain, dans le cadre de la saison des Grands Interprètes, la grande pianiste portugaise donne un récital consacré à trois compositeurs qui l’accompagnent depuis ses débuts : Beethoven, Schubert et Debussy.
Née à Lisbonne, Maria João Pires n’avait que 7 ans lorsqu’elle fit sa première apparition en public en jouant un concerto de Mozart, un compositeur dont elle est toujours restée proche tout au long de sa carrière. Depuis lors, elle est une interprète fidèle du répertoire classique et romantique et Beethoven, Schubert, Chopin, Brahms et Schumann l’accompagnent très régulièrement dans ses programmes. En 1970, elle entame une carrière internationale après avoir remporté le Concours Beethoven de Bruxelles. Invitée par les plus grands orchestres, dirigés par Claudia Abbado, Riccardo Chailly ou Bernard Haitink par exemple, elle accorde également une place de choix à la musique de chambre et compte, parmi ses plus fréquents partenaires des musiciens comme Augustin Dumay, Viktoria Mullova, Yuri Bashmet, Antonio Meneses, Jian Wang ou Douglas Boyd. La formation de jeunes artistes fait aussi partie des préoccupations de Maria João Pires qui enseigne en Belgique, à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth de Waterloo.
Elle a en outre toujours réfléchi à l’influence de l’art sur la communauté, l’éducation, et finalement sur la vie, tout en essayant de développer la mise en application de ses théories pédagogiques dans de nouvelles directions. Elle recherche ainsi de nouvelles possibilités de communication qui respectent le développement de l’individu, en s’opposant à la logique destructrice et matérialiste de la globalisation. Dans cette optique, elle crée, en 1999, « Belgais », un centre pour l’étude des arts. En 2012, en Belgique, elle lance deux projets complémentaires : « Equinox » qui est dédié à la création et au développement des chœurs d’enfants issus de milieux défavorisés, et « Partitura », dont l’objectif est de créer une dynamique altruiste entre les artistes de différentes générations en proposant une alternative dans un monde trop souvent axé sur la compétitivité.
Ses interprétations sont toujours empreintes d’un supplément d’âme qui en fait une « traductrice » exceptionnelle, en particulier des œuvres de Beethoven et de Schubert.
Maria João Pires ouvrira son récital toulousain avec la Sonate en la majeur n° 13, D. 664 de Franz Schubert. Cette « petite » sonate en trois mouvements a été écrite pendant l’été 1819. Elle serait contemporaine du quintette « La Truite », et les circonstances de sa composition expliquent certainement le climat d’insouciance légère d’une œuvre où Schubert semble donner congé à sa jeunesse.
La pianiste jouera ensuite les quatre volets de la « Suite bergamasque » de Claude Debussy, composée en juin 1905. Comptant parmi les plus célèbres compositions de Debussy, en particulier du fait de son mouvement intitulé « Clair de lune », la « Suite bergamasque » est souvent considérée comme la meilleure œuvre pianistique de sa jeunesse.
La Sonate n°32, en ut mineur, opus 111, la dernière sonate de Ludwig van Beethoven conclura ce programme. Composée entre 1820 et 1822 elle ne comporte que deux mouvements très contrastés dont le second, une Arietta à variations, a été consacré par la formule de Thomas Mann, « l’adieu à la sonate ».
Une rencontre à ne pas manquer !
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse