De Grandes espérances, un film de Sylvain Desclous
Lorsqu’un drame passé vient dérégler un parcours politique sans faute et particulièrement ambitieux. Passionnant et certainement peu… romancé.
Madeleine et Antoine sont candidats à l’ENA, ancienne fabrique de hauts fonctionnaires, politiciens et autres capitaines d’industrie. Cette jeune femme est pétrie d’idées pour bouleverser le monde en le rendant plus juste et donc plus agréable à vivre. Elle file le parfait amour avec Antoine. De passage en Corse, ils ont une altercation avec un indigène local. Ce dernier, provoqué, va tenter de faire comprendre au pinzutu que le monde ne lui appartient pas. Un drame survient. Plusieurs années après, chacun a entamé une carrière selon ses vœux. Madeleine, à l’évidence, possède la carrure pour aller très loin. Alors que son chemin se pare d’étoiles, son passé ressurgit. Que s’est-il passé sur cette petite route de l’île de Beauté. Nous le savons. La police, non. De fil en aiguille, le petit couple va se fracturer et la vérité s’enfouir dans les méandres de l’ambition.
Très au courant des arcanes de la politique, des mœurs et des langages y afférents, Sylvain Desclous nous livre ici un thriller de la meilleure eau, même si humainement plus que condamnable. Il pose en creux le problème de la fin justifiant les moyens. Ce thème philosophique dont la réponse semble ici contenue dans son énoncé paraît ne plus s’encombrer d’un point d’interrogation dès que l’on s’approche des hautes responsabilités nationales. Si Antoine, comme toujours fantastique Benjamin Lavernhe, semble hésitant sur le sujet, il n’en est pas de même pour la Madeleine de Rebecca Marder, décidément une actrice omniprésente au cinéma en ce moment, imposant un talent aux multiples facettes qui fait d’elle assurément l’une des plus fascinantes comédiennes du cinéma actuel.