ÖJA a dévoilé « Sexy », un titre hommage à toutes les femmes, le 8 mars dernier. En effet, après un premier EP sorti à l’été 2021, l’artiste poursuit sa route avec de nouveaux projets musicaux. Rencontre avec la chanteuse toulousaine, plus engagée que jamais.
Culture 31 : Quel est le point de départ de l’écriture de « Sexy » ?
ÖJA : Ça faisait longtemps que j’avais envie de faire un morceau un peu plus engagé. La féminité, c’est vraiment quelque chose que je voulais travailler. Ne serait-ce que pour moi. Et je me suis dit que si c’était compliqué pour moi, l’aspect sexy et féminin, ça devait l’être pour d’autres personnes. C’est comme ça qu’est née l’idée de faire ce morceau un peu girl power.
Dans ce titre, tu dis notamment : « Baskets ou talons aiguilles. Eh, qu’importe le style. Jupe ou jean slim. Ça fait pas d’nous des filles faciles ». Une tenue, c’est une prise de pouvoir ?
Oui, en quelque sorte. À travers nos habits, qu’on aime la mode ou pas, on exprime un peu de soi. Je pense qu’une tenue peut laisser transparaître une personnalité et un caractère. D’ailleurs, la phrase citée dans la question est un peu la punchline cachée du morceau, pour tous les gros lourds qui insinuent que notre tenue sous-entend des envies qui, en réalité, n’existent pas. À mon sens, peu importe la tenue, habillée ou non, ça ne signifie pas qu’il y a une envie derrière.
Pour ce qui est des influences musicales du morceau, d’où as-tu tiré ton inspiration ?
Pour le pont, j’avais vraiment envie de faire quelque chose qui se rapprocherait d’une marche militaire. J’ai été très inspirée par Beyoncé, et plus particulièrement son titre « Run The World ». Je me suis dit qu’il y avait déjà un parti pris dans les paroles, et je souhaitais que ce même parti pris se ressente dans la musique. J’ai essayé, pour les couplets et les refrains, de rester dans mon univers très pop avec des influences funk et disco, notamment sur les lignes de basse. Mais pour le pont je voulais une ouverture qui résonne un peu comme un hymne.
Le morceau est accompagné d’un clip réalisé par deux toulousains, Lucas Puché et Paul Vilard. Comment avez-vous pensé la création de la vidéo ?
Il y a eu beaucoup de réunions. J’avais envie d’avoir cette notion de produit brut. Que ce soit dans le produit fini ou dans l’image. Je voulais que ce soit brut, un peu rentre-dedans. Du coup, on est partis sur l’idée de réaliser un clip en séquence, sans arrêter la caméra pendant 3 minutes 30, et que tout soit chorégraphié, y compris les déplacements du caméraman.
C’était millimétré !
Dans cette idée de produit brut, j’avais vraiment envie, quitte à ce qu’il y ait un loupé, que celui-ci apparaisse. Il y a cette idée de sincérité dans les paroles, et d’authenticité, sur un sujet quand même important et dont on parlera toujours, malheureusement, selon moi. Donc je voulais qu’on ressente la scène comme quelque chose qui est en train de se dérouler sur l’instant T dans l’image.
Avec tes titres « T’es qui toi ? » et « Bouge de là », on décelait déjà une certaine vocation émancipatrice dans les paroles, sur toile de pop dansante. Est-ce qu’on peut dire que c’est ton ADN musical ?
Je pense que oui. Comme je le dis souvent, je pense que le projet « ÖJA », c’est mon alter ego qui s’autorise les choses. Dans ma vie, je suis de nature très bienveillante, un peu timide, toujours gentille avec les gens. Mon projet me permet donc de prendre position sur des sujets qui peuvent fondamentalement me révolter. Je pense que la musique permet elle aussi d’exprimer ce qui est ineffable et indicible dans la vie de tous les jours, de par notre éducation, la société, etc. ÖJA, elle, elle a le droit ! (Rires).
Quand tu as débuté dans la musique, était-ce déjà inscrit sur ta feuille de route de faire passer ce genre de messages ?
J’ai toujours eu envie de faire de la musique pour dire des choses. D’abord pour me soigner moi-même. Quand j’étais plus jeune, j’écrivais en anglais parce que j’étais persuadée que les gens ne comprenaient pas, alors que c’est faux. Mais ça me faisait beaucoup de bien. Et quand j’ai commencé à écrire en français, je suis partie du principe que les gens allaient comprendre ce qui est dit, et que par conséquent, il fallait qu’au-delà de la forme, il y ait du fond.
De par ma personnalité qui aime débattre de plein de choses et me passionne des gens et des relations humaines, je me suis rendue compte que c’était bien plus intéressant de dire des choses pour en dénoncer certaines, dans l’espoir de faire réfléchir ou du moins d’encourager une réflexion chez l’autre, plutôt que de toujours parler d’amour. De dire que tout est beau, alors que ce n’est pas le cas. Ce n’est jamais le cas dans une vie.
Que prévois-tu pour la suite ? « Sexy » prendra-t-il part à un nouvel EP ?
Oui, un EP est en préparation. Mais la date de sortie n’est pas encore fixe. Ça pourrait sortir en septembre.
Pour finir, si tu devais définir le tempérament de ta musique avec un titre, lequel serait-il ? La rédaction a notamment pensé à « Girls Just Want to Have Fun » de Cyndi Lauper.
Ce qui me vient à l’esprit, parce que je l’écoute énormément en ce moment, c’est «Escapism» de Raye. Je pense aussi à « Flowers » de Miley Cyrus.
Propos recueillis par Inès Desnot