Comme une actrice, un film de Sébastien Bailly
Pour son second long métrage, Sébastien Bailly revisite le mythe de Faust, ce docteur cher à Goethe qui vendit son âme pour accéder à l’éternelle jeunesse. On sait comment la chose finit…
Il est question ici d’une comédienne, Anna (Julie Gayet parfaitement convaincante), quinquagénaire, dont le mari Antoine (Benjamin Biolay, dont on se demande toujours où il cache son talent) s’est épris d’une jeune actrice, Delphine (Agathe Bonitzer). Ne supportant pas cette séparation, Anna a recours à une mystérieuse potion que va lui fournir une vieille femme asiatique particulièrement acariâtre. Grâce à ce breuvage, Anna prend les traits de Delphine et ne se prive pas de leurrer Antoine, tout en le faisant parler, parler…
Conjuguer le fantastique avec un drame aussi intime qu’une rupture amoureuse était un défi de taille que Sébastien Bailly relève haut la main. Cadrant avec virtuosité des scènes troublantes en cela qu’elles surfent sur des effets spéciaux finalement pas du tout racoleurs, il nous immerge dans la psyché d’une femme/actrice en proie au tunnel mortifère des 50/60 ans. Le final dans les ruines d’Ostie, en Italie, sous une lumière d’Eden retrouvé ne manque pas en définitive de poursuivre la voie fantastique empruntée depuis le début de l’histoire. Et puis il y a Julie Gayet dans une performance exceptionnelle creusant ici profondément le sillon de l’art théâtral en même temps que celui de l’acceptation de soi.
Un film passionnant, beaucoup plus complexe qu’il n’en a l’air…