Pour ceux qui pensaient qu’il n’y aurait pas une dernière pour l’ouvrage en question, c’était mal connaître son Directeur artistique, Christophe Ghristi. Après tout, le plus simple et reposant, c’était bien de fermer la boutique, coller une affichette sur la porte et basta. Retournez chez vous, ou à l’hôtel.
Eh bien, non. Il se trouve qu’il y a des artistes qui ont encore ce qui peut être appelé une conscience professionnelle et un sens aigu de la responsabilité artistique.
C’est, jusqu’au dernier moment, 18h, que Christophe Ghristi a attendu, sur le plateau, de savoir si la représentation se ferait avec orchestre, ou non. Les chanteurs étaient tous présents, non pas en tenue de ville mais avec leur costume de scène. Le chef était là, avec pupitre et partition. Une partie du public qui avait joué le jeu de l’indécision, sachant que ce serait sans décors, et peut-être, sans orchestre. Les trois représentations déjà données l’avaient été pratiquement à guichets fermés. C’était aussi le cas de la dernière. Rendez-vous compte, un Wagner de cinq heures et plus, entractes compris. Les musiciens avaient été invités sur le plateau au salut final. Et là, patatras, le décompte est insuffisant. Les musiciens présents ne peuvent pas constituer un orchestre capable d’assumer son rôle artistique.
En un tour de main, Christophe Ghristi décide que pour les chanteurs et pour le public présent, hors de question de déclarer : tous dehors. Il concocte en vingt-cinq minutes un Tristan et Isolde LIGHT, à savoir, en accord avec tous les chanteurs, un programme avec des extraits, Frank Beermann sur son estrade, et dans la fosse, un piano et au clavier, Miles-Peter Clery-Fox, répétiteur, chef de chant. Une sorte de revival, 150 ans en arrière prend forme. Pas de surtitres évidemment, et donc un récitant. On ne va pas le chercher bien loin, ce sera…Christophe Ghristi, point. En un mot, Richard Wagner est dans la salle, ou plutôt le salon.
Je n’ai pas à revenir sur les qualités de chaque chanteur sur le plateau. Cela a été reconnu suffisamment dans TOUS les comptes-rendus. On peut quand même signaler à nouveau la performance, et le mot est faible, de Nicolai Schukoff dans l’acte III, dans de telles conditions. Qu’il me soit autorisé enfin à louer leur professionnalisme devant le challenge relevé et le respect total qu’ils ont pu de la sorte manifester l’un vers l’autre, vers le public présent, et vers les responsables de la structure.
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