Lola Lafon publie Quand tu écouteras cette chanson, aux Editions Stock. Le récit d’une nuit bouleversante dans l’Annexe d’Anne Franck.
Lorsqu’on lui propose de passer la nuit dans un musée, Lola Lafon accepte. Son choix, ce sera le musée d’Anne Franck, au plus spécifiquement dans l’Annexe. Août 2021, direction Amsterdam. L’auteur ne réalise pas encore et s’interroge. Pourquoi l’Annexe ? Qu’attend-elle de cette nuit si spéciale ? Un privilège qui n’a été accordé à aucun. Comment faire passer le temps dans ce musée du vide. Car l’Annexe, après la rafle des nazis, est restée vide. Dépouillée. Comment faire face à la tragédie ? Cette histoire connue de tous grâce au journal d’Anne Franck. La jeune adolescente que le monde s’est emparée. Mais que sait-on réellement des rêves et des peurs de la jeune fille ? Lola Lafon est sur le point de découvrir. Et plus encore.
Une voix, un écho
D’abord arpenter les salles et couloirs du musée. Suivre la biographie de la famille Franck. La progression du nazisme, les interdictions multiples, le port de l’étoile jaune, le désir de fuir le pays et son impossibilité, puis se cacher. L’Annexe se situe au-dessus des bureaux. Les Franck vont s’y cacher pendant plus de deux ans. Apprendre à vivre en huis-clos sans voir la lumière du jour, sans bruit, la peur au ventre. Heureusement, ils peuvent compter sur des soutiens qui leur apportent à manger ou bien des magazines de cinéma pour Anne. Tout cela, Anne le décrit dans son journal. Tout cela, l’auteur va pouvoir le découvrir en toute intimité. Seule face à l’histoire intime et collective.
Lola Lafon arpente l’Annexe. Sans savoir pourquoi, elle évite l’espace qui fut la chambre d’Anne. Elle imagine le père, Otto, revenir dans ces lieux alors qu’il aura perdu toute sa famille. Cela lui rappelle l’histoire de sa famille. Emigrés et juifs. Puis les Franck à nouveau. Et à nouveaux le parcours de ses grands-parents à elle. Les histoires s’imbriquent, se font échos. Les mêmes peurs et la perte d’identité. On avance ainsi à tâtons jusqu’à pénétrer dans la chambre d’Anne qui révèlera d’autres secrets.
Anne Franck n’était pas seulement une diariste, elle était une écrivaine. Le journal est son œuvre, voilà ce que nous rappelle Lola Lafon dans ce récit d’une beauté extrême qu’il est difficile de refermer.
Lola Lafon, Quand tu écouteras cette chanson, Stock, 180 p.