Djaïli Amadou Amal publie Cœur du Sahel aux éditions Emmanuelle Collas, un deuxième roman puissant sur la condition féminine.
Déjà bouleversante dans son premier roman, Les impatientes (prix Goncourt des lycéens), Djaïli Amadou Amal revient avec un récit vibrant et saisissant. Cette fois-ci, nous suivons le parcours de Faydé une jeune fille attachante qui veut aider et subvenir aux besoins de sa famille. Elle vit seule avec sa mère et ses frères alors que le quotidien rime avec besognes et faim. Qui plus est, le beau-père a disparu suite à une intrusion de Boko Haram dans le village. Personne ne sait ce qu’il est devenu. Depuis, tout le monde vit dans l’inquiétude et dans un dénuement presque total. Faydé ne supporte plus cette situation, elle veut sauver sa famille. Elle prend alors la décision de faire comme d’autres filles du village et de partir pour Maroua, la grande ville qui embauche des filles comme elle pour devenir servante. La mère, qui garde un souvenir douloureux de son propre passage dans cette ville, refuse catégoriquement. Mais Faydé insiste, elle doit la laisser partir. Elle doit la laisser vivre ses propres expériences.
De mère en fille
Faydé va devenir domestique, comme sa mère auparavant. Comme elle, elle travaillera durement, accusant tous les coups et la sévérité des maîtresses de maison. Mais Faydé résiste et ne pense qu’au chiche salaire qu’elle recevra mais qui adoucira la vie de sa famille. Le soir, Faydé retrouve ses amies, les filles du village qui ont plus d’expérience qu’elle. Elles lui racontent la ville, les astuces pour recevoir plus de gains, les garçons. Mais Faydé ne s’intéresse ni à la vie nocturne, ni aux garçons. A vrai dire, elle croise rapidement un proche de la famille chez qui elle travaille et qui donne des cours aux garçons, et son cœur s’emballe.
Djaïli Amadou Amal évoque de nombreux thèmes dans ce texte merveilleux. Nous retrouvons à nouveau son goût pour la vérité tout en étant à la fois une conteuse hors pair. Djaïli Amadou Amal nous emmène bien loin, dans ces vies âpres et dures soumises à la violence et à la menace de Boko Harem. Malgré tout, un fil lumineux parcours ce récit qui appelle à la bienveillance et à la compréhension. Un texte non seulement passionnant mais nécessaire !