The Northman, un film de Robert Eggers
The Northman, une légende scandinave qui a, certainement, inspiré Shakespeare pour son Hamlet. En tout état de cause, un torrent de violence creusant le sillon de la vengeance. On en sort étourdi mais fasciné.
Le jeune prince Amleth n’est qu’un enfant lorsqu’il assiste à l’assassinat de son père par son oncle, ce dernier ensuite s’emparant de sa mère. Ce traumatisme va inspirer au jeune garçon une vengeance qu’il compte bien un jour mettre en œuvre. Nous le retrouvons dans la puissance de ses trente ans. S’étant enfui, il est devenu au gré d’un cheminement caillouteux, un guerrier viking, un berserkr. Mi- loup, mi- ours, il est sans pitié. Nous sommes dans l’Islande du 10ème siècle. Une prophétesse lui rappelle la vengeance ancrée au fond de son cœur. Avec la jeune Olga, ils se font passer pour des esclaves et sont embauchés dans la ferme que tient l’oncle assassin avec la mère d’Amleth. Le moment est venu.
Entouré de spécialistes de l’époque viking (costumes, bateaux, croyances, rituels, musique, historique, armes), Robert Eggers nous livre ici, The Northman, un film sans grande concession tant sur la violence qui régnait alors en maitresse absolue dans toutes relations que sur l’âpreté d’un temps et d’une civilisation qui nous ont laissé de fabuleux trésors en même temps que les témoignages d’un comportement sanguinaire.
Une BO renversante d’impact émotionnel ponctue un scénario conjuguant l’imaginaire au réel. Pour l’imaginaire c’est ce rappel permanent au Walhalla et aux walkyries chargées de récupérer les héros morts au combat afin de les mener sur leurs bouillonnants coursiers vers un paradis peuplé de splendides créatures. Pour le réel, c’est le quotidien des luttes de pouvoir, des massacres permanents, c’est le règne du sang versé sans pitié. Et en la matière rien ne nous est épargné, d’où l’interdiction aux moins de 12 ans de cette pellicule.
Visuellement somptueux, The Northman distribue les étoiles dans son casting : Nicole Kidman, Anya Taylor-Joy, Ethan Hawke, Björk, Willem Dafoe. Mais celui qui porte le film est bien Alexander Skarsgard, le fils du grand Stellan. C’est lui le prince Amleth, un prince fou de rage, assoiffé de vengeance. D’une imposante stature, il crève l’écran et s’impose comme le plus fantastique viking du 7ème art.
Robert Eggers – L’horreur en bandoulière
Cet Américain bon teint, déménage pour ses 18 ans, direction New York. Nous sommes en 2001. C’est là qu’il fait ses débuts de metteur en scène dans le théâtre classique. Il passe rapidement à la télévision puis au cinéma. En 2015, il signe son premier long: The Witch, un film qui lui vaut une pluie de récompense internationales. Confirmant son genre de prédilection : l’horreur et l’épouvante, Robert Eggers récidive trois ans après avec The Lighthouse. Le film sous rubrique ne trahit pas cette veine créatrice. Dans les tiroirs de ce réalisateur, rien moins qu’un remake de…Nosferatu ! On aurait pu s’en douter…