Ténor, un film de Claude Zidi Jr
Pour son premier long métrage en solo « Ténor », le fils de Claude Zidi (L’Aile ou le Cuisse en 1976, entre autres…), se lance dans une comédie conjuguant avec virtuosité le rap et l’opéra. Tout cela pour nous délivrer un message d’espoir dont les jours que nous vivons sont bien avares. Au total un film bouleversant qui fait croiser des parallèles inimaginables, tout en nous faisant découvrir un comédien exceptionnel : MB 14.
Antoine fait partie d’une fratrie de trois frères, un peu perdue dans une banlieue… Elio (Samir Decazza, réjouissant), le plus jeune, est sympa mais ne pense qu’à manger, l’aîné, Didier (Guillaume Duhesme, une vraie pointure) fait vivre la famille en pratiquant des combats clandestins de boxe, Antoine fait des études de comptabilité, qui à vrai dire, ne le passionnent guère. Son truc c’est les battles de rap. Comme il faut bien faire bouillir la marmite, Antoine est aussi livreur de sushis.
C’est comme cela qu’un beau jour, une commande l’amène à l’Opéra de Paris. Faisant irruption lors d’un cours de Madame Loyseau, il est pris à partie par Maxime, un des élèves qui lui demande pourquoi il reste planté là en train d’écouter le cours. De colère, Antoine lui lance quatre notes bien senties à la figure et s’en va. Sauf que ces quatre notes n’ont pas échappé à l’oreille aguerrie de Madame Loyseau. Elle va se mettre en quatre pour le retrouver, découvrant un timbre solaire et un formidable talent en devenir. Contre l’avis du directeur de l’Académie de l’Opéra mais avec le soutien malicieux de Roberto Alagna himself, elle parvient à faire intégrer Antoine à cette prestigieuse école. Ce serait trop beau si c’était aussi simple. En fait, Antoine doit conjuguer études de comptabilité et de chant, battles de rap et livraisons de sushis. Tout cela sans que personne ne sache qu’il veut devenir chanteur…d’opéra !
Tourné au Palais Garnier, déjà un personnage en soi, Ténor nous met dans les pas d’un jeune homme entamant un chemin de rédemption. Non qu’il ait des choses à se reprocher, mais plutôt une folle envie de s’accomplir, ce qui suppose quitter l’univers toxique qui est le sien depuis sa naissance. Cette renaissance, il va la devoir à un prof de chant qui a consacré toute sa vie à l’art lyrique. Entre Mme Loyseau (Michèle Laroque, magnifique d’intensité) et Antoine (MB14), la connexion, sans être immédiate, sera cependant définitive. La surprise majeure de ce beau film est la première apparition sur grand écran du rappeur MB 14. Il possède ce quelque chose de magnétique, que certains appellent « une gueule », qui embrase l’écran. Ici, ses regards naïfs mais volontaires tracent le portrait d’un être entre deux mondes, devenu funambule de sa propre vie. Des coups, il va en recevoir, mais les leçons de Mme Loyseau, pas toujours de chant d’ailleurs, sont inscrites dans son âme. Vont-elles le sauver ? A noter que c’est MB14 qui chante les airs d’opéra ! Et l’on reste sidéré de l’entendre entamer le célébrissime extrait de Turandot de Giacomo Puccini : Nessum dorma, vous savez cet air qui se termine par ces mots glorieux : Vincero, vincero !!!! Oups, j’en ai peut-être trop dit, pardon…
Dans tous les cas, une belle surprise cinématographique, à l’attention de tous, amateurs d’opéra ou pas ! Un dernier mot : prévoir un petit mouchoir, juste pour la scène finale.
MB14 – A Star Is Born
De son vrai nom Mohamed Belkhir, cet Amiénois s’intéresse au rap et écrit ses premiers textes dès son adolescence. Autodidacte mais curieux de tout, il se lance dans le beatbox, participe à des tournois. En 2016, il a 22 ans, Mohamed arrive en finale du télécrochet The Voice. Aujourd’hui le voilà devant une caméra. Peut-être bien le rêve de sa vie. Dans tous les cas, pour les spectateurs des salles obscures, l’irruption d’une incroyable comète. Une foudroyante découverte. A Star Is Born.