Abdellah Taïa publie Vivre à ta lumière aux éditions du Seuil. Le portrait bouleversant d’une mère, en trois tableaux.
Malika est une femme de la campagne marocaine. Elle vit seule avec son père et sa belle-mère qui ne l’aime pas. Malika est silencieuse. Elle sait que son père doit la marier. Il choisit un homme que Malika admire d’emblée. Le mariage ne tarde pas et l’idylle est belle même si – encore une fois – la belle-mère est jalouse et brutale. Mais Malika semble heureuse jusqu’à ce qu’Allal lui annonce sa volonté d’aller se battre au Vietnam aux côtés des français. Les parents du garçon l’y encouragent, il y a de l’argent à gagner. A l’issus, Allal ne gagne pas d’argent mais trouve la mort. Malika, aussitôt chassée par sa belle-famille, est inconsolable.
Survivre à son destin
Nous retrouvons Malika bien des années plus tard. A Rabat. Mariée à un autre homme et mère de plusieurs enfants dont la belle Khadija. Mais celle qui obsède Malika, c’est Monique. Cette élégante européenne aux airs chics qui a eu le culot de venir chez elle, en son absence, pour demander à Khadija d’être son employée. Pour Malika, il s’agit d’un affront ultime. Monique représente le pire. Enfin, c’est ce qu’elle croit, car le duel entre les deux femmes est puissant et émouvant.
Enfin, troisième tableau, Malika vit seule à Salé. Les enfants sont partis dont Ahmed qui est allé en France. Pourquoi si loin ? Et pourquoi sans donner de nouvelles ? Malika va le découvrir lorsqu’un ancien camarade de son fils vient la braquer chez elle. Tout juste sorti de prison, le garçon n’a plus rien à perdre. Malika non plus alors l’affrontement s’annonce révélateur de violents secrets.
Abdellah Taïa raconte cette femme en trois instants cruciaux. Trois portraits qui dénoncent la violence, la fatalité, mais qui mettent en exergue une volonté de résister plus forte que tout. Le style et la narration de l’auteur offrent une lecture puissante et introspective.
Abdellah Taïa, Vivre à ta lumière, Seuil, 208 p.