« Dans la maison », un film de François Ozon
Chaque opus de ce réalisateur français apporte son lot de bonheur. Le dernier, non seulement ne faillit pas à la règle mais nous apporte aussi 1h45 d’une jubilation intellectuelle du plus haut vol. Le scénario, en apparence simple, est beaucoup plus tortueux qu’il n’y paraît et croise bien des thèmes actuels. Voici donc Germain, prof de Français quinquagénaire, aux prises avec une « 2nde » d’un niveau abyssal. Mis à part un élève, Claude, toujours au fond de la classe, qui commence à lui remettre une série de rédactions troublantes, s’achevant immanquablement par les mots « à suivre ». Et c’est plutôt bien écrit. Germain va s’attacher à le suivre personnellement, lui prodiguant mille et mille conseils sur le métier d’écrivain. Mais bientôt le contenu de ces rédactions, qui content la vie d’une famille dans laquelle Claude s’est littéralement incrusté, devient de plus en plus précis, suggérant des thèmes tout à fait intimes. L’épouse de Germain, Jeanne, qui suit ce feuilleton, commence à trouver l’histoire dangereuse. Jusqu’au geste irréparable de son mari.
Malgré la présence époustouflante de Fabrice Lucchini, Germain frustré d’un métier (écrivain) dont il n’a pas l’envergure, celle de Kristin Scott Thomas, Jeanne superlative aux abois face à un mari en train de se perdre sous ses yeux, c’est le jeune Ernst Umhauer (Claude) qui crève l’écran. Certes, le rôle est en or, mais il y a bien longtemps que nous n’avons pas vu un tout jeune comédien d’une telle ampleur. Cette gueule d’ange au regard de démon n’est pas sans nous rappeler quelque héros pasolinien, mais le propos est ici sensiblement différent car ce film tourne autour de la manipulation, égratignant au passage les nouveaux dogmes scolaires actuels. Un véritable thriller psychologique qui s’inscrit d’ores et déjà dans les grands films français de cette année 2012 !
Robert Pénavayre
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