CRITIQUE. CONCERT. TOULOUSE. HALLE-AUX-GRAINS, le 21 janvier 2022. V.SILVESTROV. C. DEBUSSY. E. SATIE. F. CHOPIN. R. SCHUMANN. H. GRIMAUD.
La présence féerique d’Hélène Grimaud à son piano.
Dans la sérénité d’une jeunesse quasi éternelle Hélène Grimaud entre en scène radieuse, auréolée d’une douce lumière dorée. Telle une fée, elle nous entraîne dans un monde magique. Celui de la poésie la plus délicate faite d’eau, de brumes, de fraicheur et de nature immaculée. Il paraît trivial devant une telle magie de chercher à la décrire. Les compositeurs se suivent en un dialogue aussi original que génial. La découverte pour beaucoup sera le nom du compositeur né à Kiev, Valentin Silvestrov qu’Hélène Grimaud affectionne. Remarquable également la redécouverte des compositeurs mieux connus qui gagnent une autre dimension au contact de la musique si délicate de Silvestrov. Les nuances piano diaphanes, les tonalités surprenantes, la fraicheur des doigts comme immatériels tout cela crée une ambiance inouïe dans une salle de concert. Comme si nous étions transportés en pleine nature au bord d’un lac, dans une forêt aux différents moments de la journée. Un voyage avec une fée qui trouve une délicatesse de toucher magique. Hélène Grimaud a également le don d’écriture (elle a écrit trois livres) ainsi décrit-t-elle ce programme avec la beauté et la précision de son écriture : « Une séquence de miniatures cristallines capturant le temps ». Certes mais l’abolissant également avec un délicieux sentiment d’abandon du présent pour l’auditeur. Un moment de grâce bienvenu dans notre époque si angoissante.
Hélène Grimaud est également une personnalité très contrastée pleine d’énergie et de passions. Elle milite pour les droits humains et la reconnaissance des loups. La poésie qui l’habite sait laisser s’exprimer quand il le faut l’audace de son énergie créatrice et ses capacités d’organisation efficaces.
La surprise vient d’une deuxième partie de programme inattendue qui contraste en tous points avec le début du concert. Une seule œuvre emblématique d’un compositeur : Les Kreisleriana de Robert Schumann. Son jeu est extraverti et conquérant, animé par une énergie farouche. Des nuances opposées avec des forte puissants, une colère exprimée avec rage, de la tendresse comme par surprise. Le coté presque rugueux de son interprétation peut surprendre. Il donne beaucoup du relief à la partition protéiforme de Schumann qui devient prophétique de la fin dramatique du musicien. Le jeu impeccable de la pianiste donne dans des tempi rapides une impression d’envol mais sans atteindre la plénitude entrevue. Schumann se livre tout entier dans cette œuvre comme Hélène Grimaud offre toute sa passion dans son interprétation. Un moment fulgurant après cette si tendre introduction.
Le public est charmé par la personnalité si riche de l’artiste qui souriante avec son regard pur et son sourire heureux offre trois bis avec générosité. Trois études-tableau de Rachmaninov tout à fait flamboyantes.
Une belle rencontre entre le public et une artiste très attachante que nous devons aux Grands Interprètes les si bien nommés. Kissin et Grimaud la même semaine ! Bravo ! !
Critique. Concert. Toulouse. Halle-aux-Grains, le 21 janvier 2022. Valentin Silvestrov (1937-1995) : Bagatelles 1 et 2 ; Claude Debussy (1862-1918) : Première arabesque en mi majeur, La plus que lente, Claire de lune extrait de suite bergamasque, Rêverie ; Frédéric Chopin ( 1810-1849) : Nocturne n°19 en mi mineur Op.72n°1, Mazurka en la mineur Op.17 n°4, Grande valse brillante en la mineur Op.34 n°2 ; Erik Satie (1866-1925) : Gnossienne n° 1 et 4, Danse de travers n°1 et 2 ; Robert Schumann ( 1810-1856) : Kreisleriana, Op.16 ; Hélène Grimaud, piano.