Avec patience et passion, les musiciens de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse ont élaboré une véritable saison de musique de chambre qui a trouvé au fil des années une place bien spécifique dans le riche paysage musical toulousain. Lors de ces concerts du lundi, les membres de la phalange symphonique de la ville rose se retrouvent ainsi dans l’intimité des œuvres conçues pour petits ensembles. Si la cohésion acquise lors de leur travail d’orchestre reste une des grandes qualités de leurs prestations chambristes, ils trouvent dans les programmes des Clefs de Saint-Pierre des terrains d’expression personnelle qui complètent harmonieusement leur implication quotidienne à l’orchestre. Le 8 octobre débute cette 13ème saison qui ne manquera pas de porter chance à cette belle entreprise musicale.
Deux compositeurs français de la fin du XIXe siècle composent un programme d’une qualité rare. D’Ernest Chausson, les musiciens de l’ONCT joueront le fameux Concert pour piano, violon et quatuor à cordes en ré majeur opus 21, une partition originale par sa forme comme par son inspiration. De César Franck, ils présenteront également le Quintette pour piano et cordes en fa mineur. Comme le remarque malicieusement Joëlle Farenc, « On pourrait penser à première vue que le fatal pédalier soit le lien entre César Franck et Ernest Chausson : en effet, le premier fut un organiste de grand talent, titulaire des orgues de Sainte-Clotilde et le second un brillant musicien, trop tôt ravi à une carrière prometteuse de compositeur par une chute mortelle à bicyclette. Ce sont plutôt des affinités musicales qui les réunissent sous la même bannière, celle du renouveau de la musique instrumentale française à la fin du XIXe siècle, renouveau dont Franck est l’un des plus talentueux protagonistes. C’est sans nul doute dans ce quintette exécuté pour la première fois à Paris en 1880 que l’aspect tourmenté de la personnalité de son auteur apparaît le plus nettement. Rappelant par la densité de sa sonorité celle de l’orgue, l’œuvre utilise la répétition des motifs jusqu’à l’obsession, créant ainsi une atmosphère oppressante très symboliste. Ernest Chausson n’a jamais caché tout ce qu’il devait à César Franck, et il déclara qu’il n’aurait pu écrire ce « Concert pour piano, violon et quatuor à cordes » (donné avec succès en 1892 à Bruxelles, puis à Paris) sans l’admiration qu’il professait envers ce dernier : l’écriture est raffinée mais puissante, et le procédé cyclique cher à Franck est bien présent. Mais, en écoutant la sicilienne, le deuxième mouvement, on se prend à rêver de la légèreté fauréenne… »
Pour cette soirée « Franckophone », le pianiste Dominique Plancade rejoindra les violonistes Eugen Tichindeleanu, Sébastien Plancade et Stéphane Guiocheau, ainsi que l’altiste à Bruno Dubarry et le violoncelliste Vincent Pouchet.