« Soutenu par les Amis des Abattoirs, ce prix marque l’engagement des Abattoirs, Musée- Frac Occitanie Toulouse, en faveur du développement de la création artistique contemporaine. Il met en avant le dynamisme de la jeune scène locale et récompense des artistes de moins de 35 ans en lien avec la région Occitanie, que ce soit par le lieu de naissance, d’études ou de travail », explique le musée. Ainsi, il est possible de voir les œuvres des lauréats 2020 et 2021 jusqu’au 6 mars 2022 du Prix des Amis des Abattoirs avec l’exposition Mezzanine Sud.
Depuis 2014, date de création du Prix Mezzanine Sud, 18 artistes ont été récompensés. Comme l’explique Les Abattoirs : « Ce prix s’adresse à des artistes de moins de 35 ans qui entretiennent un rapport avec l’Occitanie. Ce lien peut concerner le lieu de naissance, de résidence, de travail ou de formation. Sont acceptés les dossiers d’artistes seuls, de duos ou encore de groupes d’artistes ». Par la suite, les dossiers sont examinés par un jury composé entre autres de la direction et de la direction artistique des Abattoirs, de conseillers en arts plastiques du Ministère de la Culture, d’un.e critique d’art, d’un.e artiste anciennement lauréat.e et de deux représentants des Amis des Abattoirs. Une fois les lauréats choisis, ils participent à l’exposition annuelle « Mezzanine Sud ». Dans cette exposition collective, chaque lauréat bénéficie d’un espace propre d’environ 80m2. Outre un soutien technique des Abattoirs pour la réalisation de son exposition, chaque lauréat se voit doté d’un budget de production à hauteur de 3 000 euros et d’une somme forfaitaire correspondant à des honoraires de 1 000 euros et d’un défraiement de déplacement.
« La nouvelle génération intègrent différemment l’art au monde d’aujourd’hui »
« L’année 2020 a été particulière à bien des égards. Les artistes de cette année-là ont travaillé sur leur exposition sans que le public ne puisse les découvrir. Nous les réinvitons en 2021, accompagnés des trois nouveaux lauréats » précisent les Abattoirs. Ainsi, les lauréats de 2020, Lana Duval, Bonella Holloway, Matthieu Sanchez, Anna Solal exposent leurs œuvres avec celles des gagnants de l’année 2021 Naomi Maury, Jimmy Richer et Maxime Sanchez.
« Qu’ils prennent la forme d’installations, de vidéos, de peintures, de sculptures, de collages ou encore de performances, les projet choisis répondent aux enjeux artistiques actuels. De ce qu’il reste de la peinture ou de la musique au temps du tout numérique, de la récupération des objets et de leur transformation au temps des grandes interrogations écologiques, du retour faussement traditionnel à l’artisanat, la maçonnerie, la broderie ou le dessin, cette édition de Mezzanine Sud explore la manière dont les artistes de la nouvelle génération intègrent différemment l’art au monde d’aujourd’hui », relate le musée.
Pour cette exposition, la lauréate de 2020, Lana Duval continue d’explorer l’inclusion de ses peintures dans des matières transparentes à échelle humaine, afin que le visiteur puisse s’y projeter plus aisément. Ici c’est une installation qui se transforme en pièce immersive à l’aspect quasi-scénique. En fond sonore : un poème, Retour aux non-sources, décrivant un rêve ou cauchemar récurrent sur un paysage et son évolution dans le temps. Au centre de l’espace plongé dans l’obscurité, deux sources de lumières illuminent les images des deux paysages. La silhouette des visiteurs traversent la pièce forment des ombres sur les images de verre, habitant l’espace d’un instant les paysages désertés. Dans un autre registre, Bonella Holloway, également lauréat de 2020 plonge les spectateurs dans des concerts de musique dite « alternatives ». Depuis de nombreuses année, l’artiste suit et filme un réseau officieux d’artistes souvent caractérisés « d’underground ». Elle capture, les tournées , les répétions, les concerts les réunions , les catering et les festivals, en résumé tout ce qui constitue le travail des artistes, organisateurs et roadies. c’est en étant au plus près, en documentant le quotidien de ces personnes de l’entraide et le sensible deviennent visibles, palpables. C’est un voyage au milieu culturel et social sous forme d’une installation-documentaire qui est proposé ici. Elle y mélange la broderie, un art populaire, une pratique manuelle traditionnelle et historiquement genrée, à des vidéos de concerts de musique caractéristique d’une époque contemporaine.
Concernant les oeuvres exposées des lauréats de 2021, Naomi Maury propose une nouvelle installation sensorielle immersive mêlant les techniques, les matières, les objets, la lumière et les sons. L’espace réalisé sera hors du temps laissant le visiteur déambuler et se questionner sur les paradoxe de la vie, de la société, sur le perception d’un corps soutenu par une prothèse, sur le soin et la connexion des espaces vivantes ou non-vivantes. Quant à Jimmy Richer, il va prolonger sa réflexion sur un travail engagé depuis depuis plusieurs années « Ni plat, ni sphère ». En partant de l’imagerie naturaliste du XVIIIe et du XIXe siècles, l’artiste entreprend un travail de déconstruction de la classification pour mettre en exergue le génie naturel. Les espèces deviennent hybrides, composites, représentatives du maillage territorial et le trait exprime les forces vives de la nature. Tout en travaillant sur les codes de l’imagerie qui les composent (illustration scientifique, ligne claire de la bande dessinée, gravure, imagerie de littérature) le dessin devient ici une manière d’exprimer la liaison entre un discours scientifique et une représentation animiste. La scénographie présente une série de dessins et fresques in situ.