A cette époque-là (que les gens de 20 ans ne peuvent pas connaître, bien évidemment), la baguette coûtait 1 franc, ton acné était dans sa période la plus faste, ton baladeur te criait dans les oreilles « Voyage, Voyage » et tu rêvais d’avoir la même crête que Desireless. Mais ton paternel t’en empêchant, révolté, tu fumais des clopes en douce, tout en rêvant de chanter à ta dulcinée : « femme, femme, je te le dis quand même, je t’aime » (ou « homme, homme… », mais ça marche moins bien).
Allez, pare-toi de ton perfecto, installe ton arrière-train dans la DeLorean, pose tes pop-corn sur tes genoux… Et pendant que tu te caramélises la moustache, je t’emmène faire le contour du dernier film de Frédéric Forestier : « Stars 80 ».
Avant tout, je te glisse ni vu, ni connu le pitch de la chose histoire que tu saches de quoi ça parle :
Vincent et Antoine, deux fans des années 80, dirigent une petite société de spectacle qui fait tourner des sosies dans toute la France. Entre déboires sentimentaux et caprices de leurs pseudo vedettes, l’affaire finit par péricliter. A la veille du dépôt de bilan, ils retrouvent un carton de vieux 45 tours : Jeanne Mas, Jean-Luc Lahaye, Lio, Desireless, Peter & Sloane, François Feldman, Début de soirée, Images, Cookie Dingler, Sabrina, Gilbert Montagné… tous les tubes des années 80 ! Immédiatement, l’étincelle jaillit : pourquoi ne pas faire remonter sur scène les vraies Stars des années 80 ? Les deux producteurs partent alors en quête de ces vedettes oubliées, et montent une tournée de concerts qui débutera dans la galère avant de cartonner en province et triompher… au Stade de France !
Alors certains médisants, qui iront tout droit pourrir en enfer par le culcul, me diront, «pourquoi, patate, n’as-tu pas intitulé ton article, « Stars 80 : le retour des morts vivants ?»
Tout d’abord parce que je ne suis pas si mauvaise que ça et même si pendant les 10 premières minutes, j’ai eu peur, un tantinet, que ce film ne se dégonfle tel un clafoutis mal cuisiné et ce malgré la présence de Timsit et Anconina, Stars 80 est plutôt une bonne surprise.
En effet, je redoutais de voir des frissons de honte pousser sur mon avant-bras en observant d’un seul œil obstrué par ma main, toute la clique de chanteurs « jouer la comédie ». Et bien non ! Miracle des années 80, pas un seul poil ne se raidit pendant le visionnage.
Au préalable, pour incarner leur propre personne, chacun a été coaché et leur performance s’en trouve réussie.
Lahaye campe un Jean-Luc irrésistiblement tourné sur lui-même, friand de jeunes filles invitées dans sa loge, palpant ses d’attributs personnels sur scène et roulant des pelles à des fans hystériques. Une caricature exponentielle de lui-même donc.
Sloane ( de Peter ) n’a pas un seul instant hésité à mettre en danger sa masse capillaire pour les bienfaits de mes zigomatiques et Cookie Dingler se retrouve à poil dans une scène, ce qui est plutôt osé pour un chanteur que les méchants qualifieront de « has been », alors que merde, il a quand même chanté « Femme Libérée » !
Vincent et Antoine (les protagonistes du film, suis un peu !) tout de noir vêtus et lunettes de soleil sur les nasaux , partent à Harlem pour tenter de capturer un Gilbert Montagné gospélisant, tentaculaire dans sa toge violette et tournoyant au dessus de son piano organique. Objectif : l’embarquer pour le concert au Stade de France.
Bon, moi j’y ai vu une référence à Men in Black, alors que Richard Anconina insistait auprès de moi pour faire rentrer dans ma petite caboche inculte que c’en était une des Blues Brother… Mais on a les références qu’on a.
Bref… Joué sans complexe et avec le recul nécessaire par les chanteurs de ton ex- future playlist, « Stars 80 » est donc un film à voir (ou écouter) que ça te plaise ou non !
Et si tu n’es pas né(e) en 1995, tu pourras le vivre tel un karaoké géant : enjoy tes cordes vocales!
Si tu veux te faire une toile, c’est par ici : Gaumont Wilson
Crédit photos : Bobby P.Leroy