CRITIQUE. Concert. LA ROQUE D’ANTHERON. Auditorium du Parc, le 14 Août 2021. H.PURCELL. G.F. HAENDEL. J.S. BACH. VARVARA.
VARVARA OU LE CHARME DANS TOUS SES ETATS
La jeune femme est belle, blonde, élancée et son jeu est à l’unisson. La concentration avant chaque pièce témoigne du grand sérieux avec lequel la pianiste russe tient les anciens en estime. Puis la grâce et la liberté qu’elle met dans son jeu nous emportent vers la joie du piano qui peut tout jouer. Certes Purcell, Haendel et Bach ont écrit pour le clavecin et l’orgue, Varvara le sait très bien et ne cherche pas à imiter ces instruments. Elle assume franchement le jeu au piano et se sert des possibilités du « piano moderne » afin de libérer la joie contenue dans ces suites de danse. Le Ground de Purcell est extraordinaire alors que la suite était extrêmement souple, limpide et vivante sous les doigts agiles de Varvara. Haendel est si vivant, si élégant et si joueur sous les doigts de la pianiste russe que nous pourrions en écouter longtemps sans aucune lassitude. C’est facile, clair joyeux. Un vrai bonheur. Signalons un CD de Varvara consacré aux suites de Haendel irrésistibles.
L’humour du caprice de Bach est magnifié par le jeu enjoué de Varvara. Le prélude et fugue en si bémol mineur extrait du Clavier bien tempéré montre combien le jeu de Varvara est parfaitement organisé, clairement structuré et impeccablement réalisé. Du Grand Art ! Pour prendre une métaphore dans l’art pictural, je dirais qu’après la peinture à l’huile des grands soirs romantiques et virtuoses ce travail évocateur d’estampes, gravures à la pointe fine, donne à la musique une pureté bien séduisante.
Ce qui marquera particulièrement le public, vraiment ravi par le bonheur que dégage cette interprète, est un charme sans égal. De même que ce choix de se faire nommer pour la scène par son joli prénom. Sa manière souriante au moment des saluts est un régal. Les deux bis restent avec Bach le grand : un extrait planant de la cantate de chasse et le thème des variations Goldberg joués tous deux comme dans un rêve éveillé. Voilà une artiste très attachante et fine musicienne. L’apparente simplicité des grands anciens trouve dans cette interprète par ailleurs grande virtuose une alliée de choix.
Hubert Stoecklin
Critique concert. La Roque d’Anthéron. Auditorium du parc Florans, le 14 Août 2021. Henry Purcell (1659-1695) : Suite en ut majeur ; Ground en ut mineur ; George Frédéric Haendel (1685-1759) Chaconne en sol mineur HWV 435 ; Suite en sol majeur HWV 437 ; Suite en sol mineur HWV 432 ; Jean- Sébastien Bach (1685-1750) : Caprice sur le départ de son frère bien aimé BWV 992 ; Prélude et fugue en si bémol mineur BWV 867 ; Varvara, piano.