La santé mentale questionnée dans un drame qui ne sait que trop bien de quoi il parle et démystifie le sujet sans en ôter la pesanteur. Pour avoir été l’enfant d’un père bipolaire, le cinéaste décrit la maladie avec beaucoup de sensibilité, sans forcer le trait, et dirige le trio d’acteurs en les filmant de très près, un peu comme dans un documentaire, décrivant le naufrage de cette famille dévastée par la maladie du père.
Le film est lent, très lent, grave, tendu. Si la phase maniaque de Clément (Clément Bonnard) emporte personnages et spectateurs dans un tourbillon d’énergie vitale et créatrice qui en font un père attachant, drôle et fantasque, la phase dépressive qui occupe la seconde partie du long métrage tire tout son monde vers le bas, la débâcle, le chaos.
L’ amour vrai de ce couple, l’incarnation puissante et courageuse de Leïla (Leïla Bekhti) et la honte du petit Amine (Gabriel Merz Chammah) font de ce film une belle démonstration d’acteurs. Leïla Bekhti a -enfin – un rôle à sa mesure.
Le film ressemble à la vie mais dans un cadre presque trop idyllique qui rend encore plus douloureux le récit de la dégringolade.
Les respirations saccadées oppressent le plexus.
La musique et les « Idées noires » de Lavilliers contrebalance la sensation de malheur global.
Le dénouement est sans espoir, mais il n’est pas désespoir. Une manière comme une autre de continuer à se battre …
Au Gaumont Wilson et à l’American Cosmograph