Sons of Philadelphia, un film de Jérémie Guez
Autour d’une très sombre histoire de famille, le réalisateur français, par ailleurs écrivain et scénariste, nous livre une magnifique et profonde réflexion sur le temps qui passe et l’inéluctable force du destin.
Philadelphie, fin du siècle dernier. Des mafias vieillissantes cherchent encore à gagner du terrain pour leurs différents trafics. Italiens, Américains, Irlandais sont à la manœuvre, s’accrochant désespérément à leurs derniers signes de pouvoir. Deux quadras, Peter et Michael, bien que seulement cousins, ne se quittent pas malgré leurs différences. Une vraie fratrie de malfrats. Peter est un taiseux, un taciturne, véritable armoire à glace il regarde d’un œil critique les agissements de Michael qui, lui, n’est que haine et violence. Voilà que dans les tractations entre mafieux, Michael devient « gênant ». Alors qu’une guerre sanglante se dessine, Peter va tout tenter pour sauver ce cousin malgré tout bien aimé, d’autant que ce sont les parents de ce dernier qui l’ont élevé suite à la disparition aussi tragique que mystérieuse du père de Peter. Mais comme tous les arguments sont bons pour faire éclater cette « fratrie », l’un d’eux fait ressurgir une très, mais vraiment très sombre histoire de famille. Peter, gangster pacifique en définitive, va-t-il résister à son désir de vengeance ? C’est toute l’histoire de ce film. Peu de décors spectaculaires mais plutôt les quartiers pas très bien famés de Philadelphie. Le panorama est planté, la tragédie peut trouver son acmé. Si ce polar noir comme l’encre n’est pas du style tapageur, il n’en demeure pas moins d’une puissance rare grâce non seulement à une réalisation affûtée mais aussi à une distribution qui voit s’affronter deux personnalités, deux acteurs exceptionnels. Il en est ainsi de Matthias Schoenaerts, Peter en proie aux plus sombres pressentiments, ceux-ci nous étant distillés par des flashbacks troublants.
Comédien au talent rare, Matthias Schoenaerts donne ici libre court à son charisme naturel au travers de regards lourds comme des nuages d’orage. Face à lui Joel Kinnaman ne lui cède en rien dans un autre registre. Toxique jusque dans ses moindres propos et gestes, il incarne le Mal à l’état brut (la scène du cheval mort est à glacer le sang !). Cette adaptation du roman de Peter Dexter, paru en France sous le tire « Un amour fraternel », est une vraie réussite et confirme, pour son deuxième long, un réalisateur d’une grande subtilité de ton. A suivre, son prochain film : Kannun, dont le scénario ne devrait pas trop s’éloigner de la thématique de la joyeuse famille des Atrides…
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Matthias Schoenaerts – Bientôt dans les pas de …Jésus !
Dès l‘âge 8 ans, le jeune Matthias monte sur les planches avec son père. Après le Conservatoire Royal d’Anvers, direction le petit écran, puis les courts métrages. Les longs ne tarderont pas à bousculer son emploi du temps, plus particulièrement dans les rôles violents. Carrure oblige ! Deux films vont le révéler à l’international : Bullhead et De rouille et d’os, ce dernier film lui vaudra un César du meilleur espoir masculin en 2013. Il a alors 36 ans. La suite, nous la connaissons tous, soit plus de 40 films et deux passages devant la caméra du rare Terrence Malick pour Une vie cachée et, à venir aussi inattendu qu’attendu, The Way of the Wind, dans lequel Matthias Schoenaerts se mettra dans les habits de…l’Apôtre Pierre, pour une Vie de Jésus qui devrait sortir …bientôt.