Philippe Besson publie Le dernier enfant, aux éditions Julliard. L’effondrement d’une mère face au départ inéluctable de son enfant.
Le titre du roman annonce déjà la couleur. Il s’agira de parler du dernier enfant. Celui qui, après les aînés, devra quitter le cocon familial pour voler de ses propres ailes. Jusque-là, rien d’anormal. Au contraire, cela fait partie des choses de la vie ordinaire, banale, logique. Sauf que Philippe Besson ne se place pas du côté de l’enfant, Theo, prêt à vivre sa vie, prêt à se découvrir dans la ville, prêt à ne plus être le petit dernier, le fils à maman. L’auteur se glisse en revanche dans la peau de la mère, Anne-Marie. Une femme attentionnée, bosseuse, aimante. Une femme qui n’est peut-être pas prête à vivre dans une maison vidée des rires et des colères de ses enfants. Les premiers sont déjà partis, mais combien même. Le départ du dernier sonne le glas d’une vie familiale pour faire place à trop de calme. D’angoisse, en somme.
Vivre dans l’absence
Il suffit d’une journée pour que tout chavire. Pour que la chambre se vide, les cartons s’empilent et soient déposés dans le nouveau studio. Entre temps, beaucoup de silences et un bouillonnement de sensations qui bouleversent. Anne-Marie se remémore la vie de famille, les dernières vacances ensemble, la joie de voir vivre son fils près d’elle. Qu’en sera-t-il maintenant ? La vie sera trop lisse, trop calme, trop ennuyeuse. Et pourtant Anne-Marie le sait, c’est dans l’ordre des choses, son fils doit découvrir le monde à son tour. Dans cette équation, elle n’avait pas anticipé le choc que cela serait pour elle. Y survivra-t-elle ?
Avec la poésie et l’observation fine que nous connaissons de Philippe Besson, aucune émotion n’est laissée sur le côté. L’auteur observe et scrute chaque parcelle de la pensée pour nous livrer un aveu maternel très poétique. Il fallait une plume bienveillante et sensible pour voir la face cachée du tableau. En cela, Philippe Besson offre un chef d’œuvre d’émotions.
Philippe Besson, Le dernier enfant, Julliard, 208 p.
Photo : Philippe Besson © Maxime Reychman
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