XXVIII iéme édition du Festival de SALON DE PROVENCE. Salon de Provence, Samedi premier Août 2020. Château de l ‘EMPERI. Camille SAINT SAENS (1835-1921) :Tarentelle en la mineur ; Gioachino Rossini (1792-1868) : Sonata a quattro n°1 en sol majeur (Arrangement pour quatuor à vents) ; Ludwig van Beethoven ( 1770-1827) Trio en sol majeur WoO 37 ; Quintette en mi bémol majeur op.16 ; Johannes Brahms (1822-1897) : Trio op.40 ; Daishin Kashimoto , violon ; Emmanuel Pahud, flûte ; Paul Meyer, clarinette ; François Meyer, hautbois ; Gilbert Audin, basson ; Benoit de Barsony, cor ; Éric Lesage et Alessio Bax, piano.
Faire fi de l’orage pour la Musique !
Pour son ouverture en grand dans la cour du Château de l’Empéri, le Festival de Salon a montré sa détermination et sa confiance dans l’avenir. Comme annoncé, en maintenant le projet du Festival aux pires heures de confusion en disant tout simplement : les Artistes seront là !
Et les autorisations sont arrivées permettant à la programmation, presque identique aux prévisions, de trouver son public. Hélas la peur excessive autant que le manque de vacanciers ne permet pas de faire le plein de la cour du Château de l’Empéri à chaque concert. C’est bien dommage car la programmation est de grande qualité et les artistes tous survoltés.
Ce concert d’ouverture en grand a été menacé par un orage qui a tourné autour de Salon mais personne n’a rien lâché et le concert a pu se dérouler avec cette sensation d’urgence sublimée par des interprétations très engagées. Ordre du programme parfait qui a été en progression constante vers un final éblouissant avec le trio pour cor, violon et piano de Brahms, musique nocturne sublime. Une interprétation plus tonique et moins embrumée que celle qui fait référence dans ma discothèque. Alessio Bax est au piano très présent, phrasant large et capable de nuances très subtiles. Un toucher franc qui met en lumière sa partie et offre un très beau support tant au violon qu’au cor. Le cor de Benoît de Barsony est lui aussi large et puissant, plus affirmé et lumineux que d’habitude. Au violon Daishin Kashimoto tient sa partie afin de suivre sur leurs hauteurs ses deux collègues.
Ce point d’orgue du concert ne saura pas nous faire oublier le reste du programme. La grande souplesse et l’amabilité, la beauté des lignes et la richesse des accords de sonorités prodiguées par les vents dans cette adaptation de la sonate n°1. de Rossini ont fait merveille. La recherche du même velours par la flûte d’Emmanuel Pahud et la clarinette de Paul Meyer est d’une grande subtilité. La présence chaude du basson de Gilbert Audin et la rondeur de son du Cor de Benoît de Barsony rendent cette interprétation particulièrement savoureuse. L’œuvre qui a donné son titre à la soirée est « la tarentelle pour flûte, clarinette et piano », œuvre rare et pleine de charme. Le piano d’Éric Lesage tient un tempo inflexible sur lequel les deux bois rivalisent de charme. Très belle œuvre, pleine de bonheur, que les trois fondateurs du festival ont su faire briller de mille feux. Le plaisir de faire de la musique ensemble reste intact après 28 années de Festival ! Le Trio en sol majeur de Beethoven, œuvre de jeunesse, rend hommage à Mozart jusque dans le choix des instruments. Emmanuel Pahud est mozartien jusqu’au bout des doigts, Alessio Bax a un jeu très clair et précis et Gilbert Audin au basson apporte des touches d’humour irrésistibles. Le quintette de Beethoven pour clarinette, hautbois, basson, cor et piano, est un hommage à Mozart, qui a écrit pour la même formation mais assurément le ton est beethovenien. La complicité entre les musiciens est totale, pour une interprétation passionnante.
Ce concert gagné contre les menaces de pluie et contre la peur du Coronavirus, a été très applaudi par un public ému d’être, après une trop longue « diète », en présence d’artistes si doués et généreux.