The Climb, un film de Michael Angelo Covino
Nous connaissons l’amour fou, mais voici que le premier long de ce réalisateur américain se penche sur une folle amitié. Entre deux hommes. Un coup de maître qui en fait pour l’heure le meilleur film de cet été !
Malgré toutes les photos et les bandes annonces qui circulent sur ce film, non, non, il ne s’agit pas d’un documentaire sur le cyclisme. Certes la première séquence, tournée dans les Alpes, nous met dans les roues de deux amis grimpant le col de Vence. C’est le moment que choisit Mike pour annoncer à Kyle, son pote de toujours, qu’il a autrefois couché avec la fiancée de celui-ci. Découpé en sept séquences, ce film, qui ne craint pas l’ellipse temporelle, analyse, sous forme d’une comédie dramatique, le lien d’amitié incroyable unissant ces deux hommes. La virtuosité technique est ici époustouflante et les références tant au cinéma français que mondial sont tellement nombreuses que l’on en abandonne rapidement le décompte, d’autant que ce film porte le sceau d’un authentique créateur. Réalisé par Michael Angelo Covino mais coécrit par ce dernier et Kyle Marvin, également à l’écran les deux protagonistes de cette bromance, The Climb, en français l’ascension, nous révèle, sur un ton que ne dédaignerait certainement pas Woody Allen, non seulement deux comédiens épatants, mais aussi et peut-être surtout, une élégance de ton rare dans le 7é art. Sur les thèmes en fil rouge de l’amitié virile, de la masculinité, de la complicité, sans ambiguïté sexuelle aucune faut-il préciser, ce film nous parle de tendresse, de fragilité, d’honnêteté, de désarroi, de famille, de mélancolie.
Si l’on éclate de rire souvent, tant les dialogues et les plans sont percutants et efficaces, parfois la gorge se serre, le regard des deux hommes ouvrant des horizons d’une profonde nostalgie. Vous l’avez bien compris à présent, ces portraits d’Américains sont à des années-lumière de ceux que l’Oncle Sam à l’habitude de trop souvent nous envoyer. Ils n’en sont que plus touchants, certainement authentiques et donc passionnants. D’autant que pour les incarner, ce sont deux vrais amis de longue date qui enfilent leurs collants de cycliste. Kyle Marvin, c’est Kyle, le « gentil » de l’histoire, un peu lourdaud mais avec un cœur gros comme çà. Pathétique et formidablement émouvant. Mike, le « méchant » si l’on veut, n’est autre que le réalisateur, Michael Angelo Covino. Lui aussi a le don de laisser apparaître des fractures intimes auxquelles il est difficile de rester insensible. En fait un duo à vrai dire inconnu, ce qui est rafraîchissant, mais qui fonctionne à merveille, ouvrant des perspectives optimistes et jubilatoires sur les rapports humains. Un coup de maître !